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C'est sous nos yeux, mi-amusés, mi-inquiets, que les choses se passent. Les éléments d'un cocktail explosif qui risque d'embraser la bande ouest-africaine, se mettent en place.
Le Mali, vaste pays d'1 241 238 km², se trouve sous l'emprise de deux feux. D'un côté, les récurrentes attaques terroristes meurtrières font désormais partie du vécu quotidien des populations, notamment dans le nord, au point d'atteindre le seuil de la banalité. De l'autre côté, une profonde crise interne secoue le pays, avec pour conséquence un putsch contre l'ancien régime dirigé par Ibrahim Boubacar Keita (IBK), chassé du pouvoir par des militaires le 18 août dernier. Et depuis, les discussions avancent à pas de tortue, entre une junte, désireuse de garder le pouvoir pendant quelques années et la Cedeao, appuyée par des responsables politiques maliens, qui exige une transition de 12 mois dirigée par des civils. Entre les deux parties, le M5, le mouvement conduit par l'influent imam Dicko Mahmoud qui a impulsé la descente aux enfers du régime IBK, tente de jouer l'équilibriste. Si on peut se réjouir que ce tableau ne soit pas aussi alarmant, il n'est cependant pas à envier, au regard de la précarité de la paix dans ce pays.
Au sud, se trouve la Côte d'Ivoire, pays frontalier du Mali qui s'étend sur 322 462 km2, et où l'atmosphère politique, à moins de deux mois de l'élection présidentielle du 31 octobre 2020, incline plus à l'inquiétude qu'à la sérénité. L'opposition et le pouvoir sont en désaccord profond sur des points du processus électoral, à savoir la composition de la Commission électorale indépendante (Cei) dont la démission du président Ibrahim Kuibiert est réclamée, la liste électorale qui comporterait des irrégularités au point que l'opposition propose un audit international, sans oublier la radiation de cette liste électorale de potentiels candidats de poids comme l'ex-président, Laurent Gbagbo et l'ancien patron du perchoir, Guillaume Soro. Sans oublier non plus la question à débat d'un troisième mandat sollicité par le président sortant Alassane Ouattara. Des manifestations ont eu lieu contre cet autre mandat du candidat du Rhdp, et ont débouché sur la violence avec à la clé plusieurs morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels considérables. Un autre tableau inquiétant qui présente tous les signes de déflagration.
À l'ouest de la Côte d'Ivoire, en Guinée, un pays de 245 857 km², le président Alpha Condé vient de faire droit à la requête de son parti, le RPG, qui lui propose de briguer un troisième mandat, le 18 octobre 2020. Cette décision longtemps redoutée par l'opposition guinéenne réunie au sein du Fndc, a déjà fait l'objet de violentes manifestations qui ont causé des morts et des blessés. Elle se prépare à redescendre dans les rues pour empêcher ce troisième mandat. « Les manifestations vont reprendre effectivement contre la confiscation du pouvoir, contre le coup d’État constitutionnel. C’est également un appel que nous allons lancer à la Cédéao à travers ces manifestations pour dire que, pour éviter le scénario malien, il faudrait vraiment que la Cédéao puisse prendre ses responsabilités et demander à monsieur Alpha Condé de retirer sa candidature, et renoncer à son troisième mandat pour la paix et la quiétude sociale en Guinée », lâche Ibrahima Diallo, chef des opérations du Fndc.
Trois pays de la sous-région ouest-africaine qui partagent des frontières communes, soit un total cumulé de superficie de 1 809 557 km², sont ainsi en proie à de profondes crises internes qui menacent la paix dans ces pays respectifs, mais aussi dans toute la sous-région. Si l'on y ajoute des pays comme la Sierra Léone (71 740 km²) et le Libéria (111 369 km²) qui ont connu des guerres civiles ravageuses et où subsistent encore des résidus de mercenaires prêts à reprendre l'activité, il y a de quoi donner des sueurs froides. Un véritable péril qui guette cette partie de l'Afrique fortement dans le viseur des djihadistes. Selon plusieurs rapports, les terroristes qui respirent dans les régions sahéliennes ambitionnent d'avoir un accès sur l'océan atlantique pour renforcer leur assise dans la sous-région ouest-africaine. Nos dirigeants le savent-ils seulement ?
Hamadou ZIAO