Lutte contre le Covid-19 : Afro-pessimisme mortel

Edito
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Depuis le début de la pandémie du coronavirus (Covid-19), l'Afrique est sous les feux de la rampe. Et les remarques et analyses fusent de partout.

Les plus méchantes, et parfois faites par ses propres enfants, prédisent au continent noir une funeste randonnée avec dame Covid-19. Les gentilles estiment, modérément, que c'est plutôt une oasis dans cet immense désert d'incertitude face au virus. Et chacun y va de son analyse. Mais ballotté entre un afro-pessimisme outrageant et les critiques en tout genre, l'espoir qu'un jour le continent noir se tienne debout, la poitrine haute, à côté des autres nations de cette planète terre, se heurte violemment au doute. Regardons ensemble ! Alors que le monde baigne dans un flou total concernant le remède à la maladie à coronavirus plus de 5 mois après son apparition, la voix de l'Afrique, encore une fois, n'est pas entendue.

D'abord, le président malgache, Andry Rajoelina commet des experts de son pays, qui mettent en place un produit contre le virus mortel baptisé '' Covid Organics. Il est systématiquement passé à la potence, sans même qu'il ne lui soit accordé le bénéfice du doute. Et pourtant, le leader malgache ne fait que proposer sa solution, là où il n'existe encore aucun remède. Faut-il le brûler pour cela ? Passons !

Ensuite, l'archevêque camerounais, Mgr Samuel Kleda, qui met au point un protocole à base de plantes médicinales qui, semble-t-il, montre des signes d'efficacité dans la lutte contre le covid-19, au point où des malades fuient les centres de santé à Douala (Cameroun) pour recourir au remède du prélat. A priori, on pourrait s'interroger sur la flagrante irruption d'un prêtre dans la fabrication de médicaments contre une pathologie donnée. Sauf que Mgr Kleba est réputé comme un passionné de naturopathie, un phytothérapeute bien connu. Il bénéficie même d'une attention particulière des autorités camerounaises qui entendent lui apporter des moyens techniques et matériels pour la production de son remède. Mais pour toute réponse à l'exploit de l'homme de Dieu, et d'autres chercheurs africains, l'Organisation mondiale de la santé (Oms) invite tous ces nègres à sortir des laboratoires et à ne pas se mêler de recherches scientifiques. C'est un domaine bien trop élitiste pour ces Africains, semble-t-il. En conséquence, la responsable Afrique de l'Oms, Dr Matshidiso Moeti, a vivement interpellé les leaders africains le jeudi 7 mai 2020, contre cette vague de remèdes traditionnels produits contre le Coronavirus sans tests scientifiques. De quels tests scientifiques parle-t-on ? Que fait-on des éminents professeurs africains qui ont pourtant étudié dans les plus prestigieuses universités du monde ? A-t-on sollicité leur avis avant la sentence ? Ou alors, les pays concernés sont si pauvres et mal équipés qu'ils ne pourraient garantir la fiabilité d'un produit.

Tout compte fait, il faut bien sortir de cet afro-pessimisme outrancier qui consiste à voir en noir tout ce qui vient de l'Afrique ou tout ce que l'Africain touche. Il est en effet loisible de critiquer l'Afrique sous toutes les facettes, vouloir chaque fois la mettre à la botte des grandes puissances, la présenter comme le continent des guerres, des maladies et de tous les malheurs, et conclure que ce continent doit se prendre en charge. Mais quand cette même Afrique tente de s'affirmer, s'assumer et de parler au reste du monde, on lui adresse un violent coup sur la bouche pour qu'elle la ferme.

Au moment où les chercheurs du monde entier tergiversent ou s'entre-déchirent encore sur le traitement contre le Covid-19, quel mal y a-t-il à essayer les solutions proposées en Afrique ? Selon le Dr Charles Hopson, spécialiste de la médecine orthomoléculaire, « Nous disposons aujourd’hui de plus d’une raison de reconnaître l’efficacité de la pharmacopée africaine dans le traitement contre le Covid-19. Tout d’abord, les solutions africaines préventives et curatives se sont déjà révélées efficaces », dit-il à Sputnik. Pour lui, « la médecine dite conventionnelle a manifesté son impuissance face à la pandémie mondiale de Covid-19 ». Il faut donc laisser à la pharmacopée africaine, l’opportunité de démontrer ses forces. « Nous pouvons affirmer aujourd’hui sur la base des résultats des recherches menées ces 30 dernières années que la médecine orthomoléculaire –médecine naturelle respectant tous les canons de la démarche scientifique– garantit la santé et la longévité par rapport à la médecine allopathique », considère le spécialiste. Dans un monde dit globalisé, cette forme de ségrégation médicinale rappelle à souhait qu'il y a les uns et les autres, si elle ne cache pas des desseins inavoués.

Hamadou ZIAO