Les prévisions et statistiques apocalyptiques en ce qui concerne le continent africain, relativement à la pandémie du Covid-19, se suivent et ne s'arrêtent plus. Pire, elles font même froid dans le dos.
Morceau choisi : dans un rapport sorti le vendredi 17 avril dernier, et attribué à la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), il est indiqué que l'Afrique pourrait avoir 300000 décès dus au coronavirus cette année 2020, et cela dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, poursuit le rapport, le continent noir se retrouverait avec 3,3 millions de décès et 1,2 milliard de cas d'infections. Ce rapport souligne également que même avec une '' distanciation sociale intense '' comme cela est recommandé, l'Afrique aurait, dans le meilleur des cas, 122 millions d'infections. Faisons l'économie des sommes astronomiques que nécessiterait le salut du continent africain face à la pandémie (446 milliards de dollars soit environ 223000 milliards de fcfa, estiment les experts) et pour lesquelles l'Europe et les institutions de Bretton Woods se mobilisent pour assister le continent noir. Qu'est-ce qu'on est mal barré ! On devrait les remercier pour cette grande sollicitude envers le prochain grand malade du Covid-19, comme ils le projettent.
De plus, et c'est un secret de polichinelle, le système de santé de la plupart des pays africains, ainsi que ses infrastructures sont les plus inappropriés dans cette guerre contre le virus mortel. On sait également que la pauvreté du continent, la faiblesse des ressources financières à disposition, la paupérisation et l'insalubrité ne facilitent pas lutte, sinon ouvrent un boulevard à une progression rapide du mal. On est vraiment mal barré. On devrait doublement remercier nos bienfaiteurs qui se préparent à voler à notre secours.
Toutefois, ces projections apocalyptiques sur les morts et le nombre d'infectés en Afrique suscitent un autre niveau de réflexion. Comparaison n'est pas raison. Mais lorsqu'on analyse naïvement les dernières statistiques (L'Europe : 1.018221 cas et 98852 décès, Afrique : 21080 et 1078 décès), les bienveillantes attentions pour l'humanité ne devraient-elles pas être orientées vers les pays les plus touchés ? A moins qu'on nous cache des choses pas très claires dans cette affaire de Covid-19. Sinon, les communications macabres qui tendent à définir le nombre probable de morts en Afrique où le virus a une évolution moins inquiétante, semblent cacher mal des desseins inavoués. Dans tous les cas, il serait plus approprié et même humain de moins parler de morts. On ferait ainsi un grand bien aux populations. Mieux, de préparer le continent pauvre à y faire face, avec notamment le renforcement des mesures de prévention, la mise à niveau des infrastructures sanitaires, et l'intensification de la sensibilisation. On comprend mal en effet qu'au même moment où en Europe et ailleurs, il est de plus en plus question de déconfinement et de plan de vie avec un virus plus ou moins maîtrisé, l'on annonce l'hécatombe pour l'Afrique. Que cache-t-on avec le Covid-19 ?
Hamadou ZIAO