La nature nous parle

Edito
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La nature est fâchée. Elle est même très en colère contre l'espèce humaine. C'est le cas de le dire au regard de toutes ces catastrophes naturelles qui s'observent partout dans le monde, à savoir les cyclones, les tsunamis, les tremblements de terre, les inondations, l'avancée de la mer. Et ce n'est pas fini.

Selon une récente étude menée par Climate Central, une organisation américaine, dont bbc.com s'est fait l'écho, plusieurs dizaines de millions de personnes seront exposées au risque d'inondations côtières dues à l'élévation du niveau de mer induite par le réchauffement climatique, à la fin de ce siècle, c'est-à-dire en 2100, soit dans 81 ans. Certains pourraient s'y méprendre et se dire que 2100 c'est encore loin, et qu'on a tout le temps. Et que par ailleurs, avec l'espérance de vie qui décline – elle se trouverait aujourd'hui à 72 ans et varierait selon l'endroit de la planète où l'on se trouve – de nombreux êtres humains pourraient ne plus être de ce monde dans 81 ans. Possible. Mais la nature n'a pas le même agenda que nous. Elle fait déjà connaître sa colère de fort désastreuse manière.

Jakarta, la capitale indonésienne, passe pour être le symbole de ce désamour entre l'homme et la nature. Les études et les faits démontrent que cette ville d'environ 10 millions d'habitants pourrait disparaître sous les eaux d'ici à 2050. La moitié nord de la capitale se trouve déjà en dessous du niveau de la mer. La menace est d'autant plus réelle que dans un discours devant le parlement à la mi-août 2019, le président indonésien Joko Widodo, a annoncé le déplacement de la capitale sur l'île de Bornéo. Une façon de l'éloigner de la mer qui ne fait plus mystère de sa volonté d'engloutir des parcelles de terre. Jakarta, selon les scientifiques, n'est pas la seule ville à devoir subir cette colère des eaux. Toutes les villes côtières sont concernées.

A la fin octobre 2019 à Bangui, la capitale centrafricaine, les pluies diluviennes ont causé une inondation avec pour conséquence le déplacement de près de 20000 personnes. Le débordement du fleuve Bangui serait la cause de l'inondation.

Lors d'un entretien avec le journal L'inter le vendredi 25 octobre 2019, Prof Eric Valère Djagoua, spécialiste en gestion du littoral attirait l'attention sur la situation de Port-Bouët et toutes les citées côtières de Côte d'Ivoire dont les côtes sont grignotées un peu plus chaque année par la mer. Le spécialiste a expliqué que la récente inondation à Grand Bassam, la première capitale de la Côte d'Ivoire et patrimoine de l'Unesco, était liée à la crue du fleuve Comoé. La fermeture de l’embouchure qui devrait permettre au fleuve de se déverser tranquillement dans la mer, serait ainsi la cause majeure de cette inondation. Il y en a certainement d'autres.

Mais si nous regardons de près, nous verrons que tout ce qui arrive au monde des Hommes est dû en grande partie à des comportements qui enfreignent le code de la nature. Les inondations et autres montées de la mer sont les conséquences directes de l'impact négatif de l'homme sur son environnement. Des messages clairs que la nature envoie à l'espèce humaine. Toutes ces catastrophes naturelles interrogent nos comportements et situent ainsi notre grande responsabilité dans la destruction continue du monde. La pollution de l'environnement, la déforestation, l'émission du gaz à effet de serre, le tout dans une course effrénée du développement et d'un certain bien-être, finissent par nous perdre. La lutte contre le réchauffement climatique est beaucoup plus de l'ordre du slogan que des faits. Dans de nombreuses capitales africaines, notamment Abidjan, qui porte modestement l'appellation de « perle des lagunes », on ne sourcille pas pour jeter les ordures dans les rues. C'est même devenu un fait usuel, banal. Les caniveaux et autres canaux d'évacuation des eaux usées sont en conséquence bouchés par des tas d'ordures. Les lagunes qui mouillent la ville sont devenues des dépotoirs géants d'immondices en tout genre. Des tas de ferrailles, des sachets plastiques, des pneus usés, se disputent l'univers sous-marin avec les poissons et les autres êtres qui y vivent. Cette invasion, ajoutée à d'autres facteurs de pollution et de destruction, provoque immanquablement des représailles. Disons-le tout net, la nature se défend contre les nombreuses agressions que nous portons contre elle. Il faut simplement revenir à une cohabitation plus harmonieuse avec dame nature, qui a la gentillesse de nous accueillir. Autrement, elle nous détruira.

Hamadou ZIAO