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Clap de fin pour l'année 2020 dans quelques heures. L'année 2021 verra le jour. Une nouvelle année, que l'on espère, en Côte d'Ivoire, légitimement moins cafardeuse.
L'année 2020 a été, aux plans politique, social, économique et sportif, une année sombre, pénible, macabre. Elle est à classer, rapidement, dans les fosses de l'histoire. La pandémie du Covid-19 et l'élection présidentielle du 31 octobre 2020, particulièrement meurtrières, ont laissé aux Ivoiriens, un goût de chiotte.
Au plan politique, lorsqu'on jette un regard rétrospectif dans le rétroviseur de l'année 2020, on y voit défiler, comme dans un film d'horreur, des monstruosités insoutenables, des bestialités inqualifiables, des actes affreux, révoltants, défectueux dans leur genre. En cause, la candidature jugée «anticonstitutionnelle» d'Alassane Ouattara à un 3e mandat.
Le pays a éprouvé les atrocités sans nom. Les acteurs politiques ont déshonoré le pays, par l'infamie des actes dont se sont rendus coupables, certains de leurs partisans. La Côte d'Ivoire est passée à deux doigts d'une catastrophe. En cette année de 2020, les Ivoiriens avaient les yeux braqués sur l'élection présidentielle. Alassane Ouattara, après deux mandats consécutifs à la tête du pays, annonce, dans un discours à la nation du 6 août 2020, veille de la célébration de l'indépendance, qu'il briguerait un autre mandat, en raison «d'un cas de force majeure», lié à la mort, début juillet, du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, son successeur désigné.
Ce mandat supplémentaire lui a été demandé, par son parti, le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Alassane Ouattara s'était, pourtant, solennellement engagé, devant le Parlement qu'il a convoqué en Congrès à Yamoussoukro, à ne pas se porter candidat à l'élection du 31 octobre 2020. Etait-il fondé à briguer un 3e mandat, sans être en porte-à-faux avec la Constitution qu'il a fait voter en 2016 et qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs ? Alassane Ouattara considère que l'adoption d'une nouvelle Loi fondamentale en 2016 l'autorise à se porter à nouveau candidat, ce que ses opposants contestent.
«Le Président Ouattara sème les graines de la déstabilisation de la Côte d'Ivoire», avait jugé Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci). L'opposition s'engage alors sur le terrain juridique et perd très vite ses illusions. Le dépôt d'un recours contre la candidature de Ouattara devant le Conseil Constitutionnel n'a pas prospéré. La Côte d'Ivoire s'est alors enfermée dans une spirale mortelle où des hommes, armés de machettes, vont commettre «l'indicible», quand, à Daoukro, le 9 novembre 2020, le jeune N'Guessan Koffi Toussaint a été décapité et son corps profané, la tête servant de ballon de football à ses bourreaux. Leur geste, exécuté dans le pur style djihadiste, relève de la pure folie. Ces élections ont pourtant eu lieu. Remportées haut les mains (un coup K.O) par Alassane Ouattara, face à Kouadio Konan Bertin. Devant une impasse politique intégrale, le pouvoir incarné par le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) fait de sa survie, son seul et unique objectif. Et, ce qui devait arriver arriva. Désobéissance civile, boycott actif... 87 morts, plusieurs centaines de blessés, des destructions de biens publics et privés. Aujourd'hui, le pays est sorti de cette élection présidentielle avec une gueule de bois. Le dialogue, entamé avec Henri Konan Bédié, le 11 novembre 2020, pour «briser le mur de glace», après un blocage, à un point d'articulation entre les revendications des plateformes de l'opposition et l'intransigeance d'Alassane Ouattara de concéder quoi que ce soit au prix de «chantages», a repris, cette fois, avec toute l'opposition ivoirienne d'un côté et le Chef du gouvernement de l'autre côté. Il s'est même achevé, mardi dernier, par un accord entre les partis, mais non signé par l'opposition. Les chefs d'État et présidents d'institutions internationales, dont le président français Emmanuel Macron, qui ont félicité le vainqueur, Alassane Ouattara, lui avaient instamment demandé d'ouvrir rapidement le dialogue avec l'opposition.
C'est un marqueur fort de ce que le feu couve toujours sous la cendre. Sous cette cendre, se cache également la pandémie du siècle : le ou la Covid-19. Cette maladie, avec plus de 22.250 cas cumulés à la date du 30 décembre 2020 pour 137 décès contre environ 21.872 guérisons, ce sombre tableau synoptique montre clairement que le pays n'est pas sorti de l'ornière de ce «virus chinois», comme l'a surnommé le président américain, Donald Trump. Dans le monde entier, l'on enregistre, selon les statistiques de l'Oms, plus de 81.451 630 cas contre plus de 1.778.064 décès, à la date du 30 décembre 2020. «La pandémie de Covid-19 est devenue une urgence mondiale qui a des conséquences dévastatrices en termes de pertes de vies humaines et de déclin économique, et qui retarde considérablement les progrès sur la voie des objectifs de développement durable. Les communautés pauvres et vulnérables sont particulièrement menacées par cette maladie mortelle et par ses répercussions économiques », selon l'Organisation mondiale de la santé (Oms). De seulement deux (2) cas à la date du 12 mars 2020, le compteur affiche aujourd'hui, en l'espace de 10 mois, plus de 22.250 cas. Cette tendance exponentielle peut être mise sur le compte d'une gestion approximative de la pandémie, par les Autorités. Le cafouillage et l'inorganisation dans la distribution des kits sanitaires et des cache-nez, l'isolement raté du District d'Abidjan des villes de l'intérieur du pays, le saccage des centres de dépistage par les populations mal informées sont là, les manquements graves de l'État, dans la gestion de cette maladie. Et, cette crise sanitaire a eu des effets collatéraux terribles. Plusieurs ministres dont le défunt Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, Patrick Achi, Danho Paulin, Pascal Abinan, ont été atteints et confinés.
La Côte d'Ivoire a connu de grandes pertes et non des moindres. Le covid-19 a emporté des figures emblématiques. Cheik Boikary Fofana a été fauché. Ce président du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques ( Cosim), par ailleurs chef suprême de la communauté musulmane de Côte d'Ivoire est décédé, le dimanche 17 mai 2020 à Abidjan, à l'âge de 77 ans. Le décès de ce dignitaire religieux est considéré comme une grande perte pour la communauté musulmane ivoirienne, en ce sens qu'il fut l'un des acteurs majeurs de la structuration de l'islam dans le pays. Ce «virus chinois» a arraché à l'affection des siens, brutalement, le président de la Fédération ivoirienne de football (Fif), Augustin Sidy Diallo. Il est décédé le samedi 21 novembre, à l'âge de 61 ans, dans une clinique d'Abidjan. Au plan social et économique, la Covid-19 a été pénible pour les ménages. Les licenciements massifs sont venus ajouter au lot des chômeurs, une autre dose de pauvreté. Dans le brouillard de cette crise sanitaire, le début de la campagne de vaccination, annoncé pour le mois d'avril 2021 contre le Covid-19, est censé représenter une lueur d'espoir pour les populations ivoiriennes. 2020, en tout cas, fut une année de dégoût et de mal-être social. Les Ivoiriens veulent qu'en cette année 2021, leurs dirigeants bâtissent un pays réconcilié, qui rassemble tous ses fils. Pour en arriver là, il ne suffira pas seulement de nommer un ministre en charge de la réconciliation mais mieux, il faut jouer franc jeu, avec l'équité et la justice. Il faut mettre fin à la politique du traitement à double vitesse des citoyens.
Il faut, surtout, sortir de la politique spectacle, folklorique, notamment des louanges et des hommages qui donnent le sentiment à certaines autorités d'être infaillibles, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent ni se tromper ni errer. Or, ce sont des humains...Et nul n'est parfait. Bonne et heureuse année 2021 à toutes et tous.
COULIBALY Vamara
Journaliste
Directeur Général
Directeur des Publications du Groupe OLYMPE
vamcoulib@yahoo.fr