Bonne et heureuse année à toutes et à tous

Edito
Publié le Modifié le

L'année 2018 nous a ouvert grandement ses portes, depuis quelques heures,  refermant, les battants de celles de 2017. Une année de grosses frayeurs, d’anxiété mais aussi de promesses non tenues.  Au moment où se tourne la page une question mérite d’être posée : les fruits ont-ils tenu la promesse des fleurs ? La réponse est mi-figue, mi-raisin, car, dans l'ensemble, les Ivoiriens  sont d'un air, à la fois satisfaits et mécontents.  2017 aura été une année particulièrement éprouvante et stressante. Mais, dans cette grisaille, un éclairci est venu de la justice ivoirienne. De fait, à la surprise générale et au  grand étonnement des partisans de l'ex-première dame de Côte d'Ivoire, le juge Kouadjo Boiqui, président de la Cour d’assises d’Abidjan a acquitté, le  mardi 28 mars 2017, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, de crime contre l’humanité lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Par ce procès, Alassane Ouattara avait à cœur de couper l'herbe sous les pieds de la Cpi où elle est également poursuivie pour «crimes contre l’humanité». La Cpi a toujours réclamé Simone Gbagbo, mais Alassane Ouattara s'est  opposé à son transfèrement  à la Haye. La tenue de ce procès à Abidjan avait donc pris de court la Cour pénale internationale (Cpi). Aussi, l'année 2017 qui s’est achevée aura montré (et c'est l'une des principales leçons à tirer) que la politique de la ruse, des demi-vérités, de l'enfumage des esprits et surtout de la rétractation a étalé toutes ses limites. Cette politique-là, en plus de nourrir les révoltes des populations et les accès d'humeur des militaires, revient toujours, comme un boomerang. Ainsi, sur le plan militaire, on l'a payé cash. Les mutineries de janvier et mai ont fini par tout révéler. On a vu que le gouvernement et la  hiérarchie militaire étaient bien en peine pour sortir par le haut de ce bourbier militaire. Si,  faire tomber le régime d'Abidjan était inscrit dans l'objectif de ces mutins, il  serait tombé, comme «un fruit...». Pour éteindre le feu l’État a été obligé de casser la tirelire. 12.000.000 Fcfa, ont été versés à chacun des  8.400 mutins, issus, de l’ex-rébellion des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn). Le constat, aujourd'hui, met en lumière une armée à deux visages. D'un côté, ceux que certaines langues appellent les «enfants gâtés» de la République  et de l'autre,  les «damnés». Des boucs émissaires, tout trouvés ont été  sacrifiés sur l'autel de l'équilibre de la grande muette. Le général Soumaila Bakayoko, le Directeur général de la Police, Contrôleur général  Brédou Mbia et le Commandant supérieur de la  gendarmerie nationale, général Gervais Kouassi, ont ainsi été limogés. 2017 a été, également marquée  par, ce qui apparaît clairement, aujourd'hui, comme un début d’échec : Les logements sociaux où de nombreux ivoiriens ont laissé leurs économies. Sur ce chantier, le gouvernement peine à faire mentir ses détracteurs.  En cette année 2018, les attentes des Ivoiriens, sur la question de la réconciliation, sont nombreuses. Six ans après la crise post-électorale de 2010-2011, les Ivoiriens sont toujours figés par la douleur. Là où des solutions courageuses, voire même sacrificielles, sont ardemment attendues des  gouvernants, c'est toujours la chicotte de la justice qui s’abat sur les partisans de l'ex-chef de l’État, Laurent Gbagbo, dont le procès est en cours à la Cpi. Sur cette question précise de la réconciliation, les Ivoiriens sont largement déçus et attendent que cette année 2018, leurs autorités prennent de la hauteur, par des décisions courageuses, qui garantissent la paix et la réconciliation. Sur le plan social, les Ivoiriens avaient pensé que le «Messie» de la finance et de l’économie était arrivé pour mettre fin à leurs souffrances. Les 9 % de taux de croissance n'ont visiblement aucun impact sur leur quotidien.  Ils étaient loin, d'imaginer qu'on leur servirait de la «bouillie» de l’ethnocentrisme, le clanisme... La seule question qui vaille, en 2018, est celle-ci : comment faire pour que le «vivre ensemble» soit une réalité vécue en Côte d'Ivoire et non un slogan politique creux ?  Comment faire, dans ce pays encore en crise, au corps social meurtri par des ressentiments de tous ordres, redonner à ces millions de jeunes paumées, qui prennent la route de la Libye, une nouvelle espérance ?  Alassane Ouattara «la Solution», devrait pouvoir apporter des solutions idoines. C'est pourquoi, en cette année 2018, les Ivoiriens, dans leur immense majorité, forment le vœu, d'avoir des dirigeants, qui tracent une voie nouvelle, dans laquelle, tout le monde se reconnaît. Les Ivoiriens espèrent et  veulent, une vraie liberté et non une vapeur de liberté. Le maintien en garde à vue, pendant plus de 48 heures, de six journalistes (trois du Groupe Olympe, deux de Cyclone et un de la Refondation), au mois de février, pour dit-on divulgation de fausses nouvelles - atteinte à la défense et à la sûreté de l’État, suivi de leur inculpation, est une atteinte grave à la liberté de presse et un scandaleux déni de démocratie.  Pour cela, il faut rectifier la copie en admettant ses erreurs… Les Ivoiriens veulent qu’en cette année 2018, leurs dirigeants bâtissent un pays réconcilié, qui rassemble tous ses fils. Pour en arriver là, il faut jouer franc jeu, avec l'équité et la justice. Il faut mettre fin à la politique du traitement à double vitesse des citoyens. Il faut, également, sortir de la politique spectacle, folklorique, notamment, des louanges et des hommages, qui donnent le sentiment à certaines autorités d'être infaillibles, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent ni se tromper, ni errer. Or, ce sont des humains…Et nul n'est parfait. En ce qui concerne l'opposition politique, il est de son devoir de s'opposer, mais dans le respect de la loi, des Institutions et des personnes qui les incarnent. Les Ivoiriens attendent donc une opposition «républicaine», civilisée, qui fait des propositions et non celle qui affectionne les barricades. S'il est admis que la politique est un sport de combat, ce combat-là, plus jamais, qu'il se fasse en Côte d'Ivoire, avec des armes. Dès lors, le gouvernement doit se donner les moyens de démanteler toutes les caches d'armes sur le territoire national. Bonne et heureuse année à toutes et à tous… 

 

COULIBALY Vamara