Tout le monde la convoite. Elle aussi semble bien jouer le jeu. Sans opposer aucune résistance à tous ses courtisans. L’Afrique, le berceau de l’Humanité, qui s’érige en maitresse des grands du monde. Toujours prête à s’offrir à chaque Puissance qui lui fait miroiter son Trésor.
Au premier gong, c’est la ruée des dirigeants vers le gain. Recherche effrénée de soutien chez les poches pour bâtir un bien-être toujours attendu par les peuples. Rappelons quelques-uns de ces rendez-vous qui ressemble à de la ruée vers le Trésor des dirigeants de nos pays respectifs. Les 26 et 27 août 2016, tous atterrissaient à Naïrobi, au Kenya, où pour la première fois, s’est tenue sur le continent noir, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad). C’était la 6ème édition de cette Conférence internationale organisée chaque trois ans par le Japon. Une conférence dédiée exclusivement à l’Afrique. La belle Afrique, comme une bien-aimée à qui on réserve une partie de son trésor. Ils étaient presque tous présents. Et pour l’occasion, tous étaient japonais, ou du moins faisaient chorus avec le Japon et son Premier ministre, Shinzo Abé. Des promesses, des accords, de chaudes poignées de mains, photos d’ensemble,... Puis, on attend le prochain tour.
Ce prochain tour, il ne se fera pas attendre. A peine un an, en effet, la même ruée reprend vers la Maison Blanche, cette fois aux Etats-Unis. Le 21 septembre 2017, on a vu comment chaque dirigeant africain, malgré le protocole déjà assez rigide de la Maison Blanche, se débattait pour avoir la meilleure place aux côtés du tout nouveau président américain, Donald Trump. Lequel a perpétué, comme son prédécesseur, la tradition. En recevant à la Maison blanche les dirigeants africains. Ballet de Boeings, défilés de Premières dames aux côtés des époux, discours–promesses pour l’Afrique – ce que tous attendent du reste -, dîner-champagnes, les mêmes scènes de photos souvenirs, etc. Ici, pas de rubrique de signature d’accords, mais quelques privilèges accordés, puis on scrute l’horizon pour le prochain soupirant.
Après l’Amérique, on ne s’attend pas forcément à l’Europe. Même si des sommets Union européenne – Union africaine ont lieu comme ce fut le cas les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan. La Côte d’Ivoire étant devenue durant ces deux jours le hub du continent. Ici, chacun sait comment ça se passe. La France tient le haut du pavé. Elle a le quasi-monopole des relations de l’Occident avec l’Afrique. La France garde toujours la main sur ses ex-colonies, malgré les indépendances. Au point où certains ont vite faite de l’indexer d’être à l’origine de tous les maux dans ces parties de l’Afrique dont les dirigeants arpentent avec fierté, à chaque occasion, les marches du perron de l’Elysée. La Françafrique ! Tous la dénoncent, mais personne n’y renonce. La France, le partenaire à vie ! Malgré les discours souverainistes qui s’envolent très souvent dans le vent. Des discours qui ne tiennent que le temps d’un applaudimètre visé. Puis, on tourne la page de la souveraineté. La main toujours tendue à attendre le prochain prétendant aux richesses brutes et immenses potentialités du continent brandies comme appâts pour attirer les autres. Ceux-là qui, avec ou sans les mêmes ressources, ont réussi à se hisser parmi les premiers du monde.
On comprend aisément que la France, les Etats-Unis et même le Japon soient à assister l’Afrique, pour être des Puissances reconnues depuis la nuit des temps. Et la Chine ?
Depuis une semaine, c’est encore le ballet vers la Chine. La géante, la grande, mais maintenant la Puissante Chine. Qui accueille quasiment tous les prétendues géants d’Afrique comme des nains à ses pieds. A l’annonce d’une assistance renouvelée de 60 milliards de dollars américains (soit 34.000 de f Cfa) du président Xi Jinping, c’est une salle debout qui l’acclame. Le Nigeria, lui, a décidé de prendre une option plus sérieuse pour ne plus commercer avec le monde dans sa devise habituelle. C’est-à-dire le dollar américain. Le pays de Muhammadu Buhari veut désormais convertir le Naïra en Yuan. Une soumission volontaire au géant d’Asie, qui n’en a pas fait la demande, mais ne demande que cela : Etendre son hégémonie dans le monde.
En effet, il n’y a pas à chercher loin le but de ces Foras, conférences internationaux et autres rencontres chèrement budgétisés çà et là auxquels accourent les dirigeants africains. La recherche perpétuelle de l’expansion hégémonique sous-tend ces sommets. Dans le nouvel ordre mondial, la Chine ne veut plus être en reste de cette expansion hégémonique. L’Afrique, ce pilier sur lequel s’appuient certaines nations comme la France, présente le beau profil pour rechercher cet appui. Le continent noir, effectivement, se prête bien à ce jeu. Elle n’en a pas fini avec la Françafrique qu’elle décrie tous les jours, mais l’Afrique est prête à se mettre sous un autre joug : la Chinafrique.
On parle de partenariat gagnant-gagnant, mais on voit bien la percée du géant chinois. Qui s’arroge de plus en plus les plus grands chantiers en Afrique. Bien évidemment, l’Afrique demeurant à l’appendice de la technologie et de l’industrialisation, il viendra le moment du retour sur investissement. Car rien de ce qui se fait n’est au hasard. Ce n’est pas une hypothèque, les 60 milliards de dollars du contribuable chinois qu’applaudit l’Afrique. C’est un investissement dont les fruits seront bien attendus. Sous diverses formes. Ne dit-on pas que la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit ? La vérité se saura demain. Ce lendemain qui ne semble pas préoccuper des conjoints de cette idylle sino-africaine. Ces conjoints qui courent partout à la recherche de dons, remise de dettes, soutiens et assistances. Sans pourtant que cela n’empêche leur jeunesse d’aller au suicide dans les eaux de la Méditerranée, parce que refusée sur les côtes européennes par ces pays fatigués du trop pleins de migrants qui les assaillent. Françafrique, Chinafrique ! Y a-t-il du nouveau ? Vivra vera ! en attendant, le Gouvernement du Japon a annoncé que la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7) se tiendra du 28 au 30 août 2019 à Yokohama. Sur qu’avant le Forum de Beijing déjà, on se prépare pour ce prochain rendez-vous. Pauvre Afrique ! Et ses dirigeants !
Félix D.BONY