Finie l’année 2018. Douze mois vécus par chacun avec des hauts et des bas. Cinquante et deux semaines de réussites, d’échecs, de joies et de peines. Trois cent soixante cinq jours de rires, de sourires et de larmes. Chacun fera son bilan. Bilan individuel, mais aussi collectif. Le temps des regrets, des insatisfactions, mais aussi des satisfactions.
Ce temps est venu de jeter un regard sur ce qu’aura été la Côte d’Ivoire, depuis le 1er janvier 2018. Le chemin parcouru par la nation ivoirienne, les Ivoiriens et les Ivoiriennes, les grands challenges relevés, mais aussi les défis non encore relevés, et les ratés et les actes manqués.
Beaucoup d’événements auront marqué cette année 2018, en effet.
Commençons par les grandes satisfactions, car il est évident que les échecs et les insatisfactions devront constituer le socle de l’année nouvelle, des repères pour entrevoir des perspectives.
Contrairement aux années passées, 2016 et 2017, 2018 aura été une année relativement paisible, au plan social. Quelques grèves par-ci et par-là avec des enseignants, médecins et étudiants, certes. Mais, ces mouvements ont eu des ampleurs moindres que ceux de ces années antérieures qui avaient obligé le président de la République à prendre de sérieux engagements aux célébrations de la fête du travail. La stabilité en milieu scolaire aura permis l’organisation dans un climat paisible et apaisé des examens de fin d’année et une rentrée scolaire sans grand bruit jusqu’à la fin de ce premier trimestre.
Au niveau économique, la Côte d’Ivoire enregistre toujours des embellies, notamment avec l’amélioration de ses scores au ‘’Doing business’’ 2018 et à l’indice ‘’Mo Ibrahim’’ pour l’environnement des affaires.
Au plan sportif, que de joie n’ont donné les sprinteuses ivoiriennes, Marie Josée Tah Lou et Murielle Ahouré sur les toits continental et mondial ! Malgré leur méforme, les Eléphants footballeurs ont réussi l’exploit, eux-aussi, de se qualifier pour la 32ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football 2019.
Au niveau politique, bon an mal an, les élections locales se sont tenues. Deux mois après cet élan magnanime de décrispation qu’a eu le président de la République, Alassane Ouattara, en prenant une ordonnance d’amnistie pour donner sa liberté à 800 prisonniers de la crise post-électorale de 2011 dont Kamaraté Souleymane, dit ‘’Soul To Soul’’, le directeur du protocole du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et l’ex-Première dame, Simone Ehivet Gbagbo. Un beau pas vers la réconciliation tant recherchée depuis la fin du volet militaire de cette crise.
Nuages d’embellies ! La liste est encore loin, très loin d’être exhaustive. Notamment avec les acquis en termes d’infrastructures diverses inaugurées ou en cours de réalisation. Mais, que de souvenirs douloureux, d’actes inachevés, ou manqués, voire d’insatisfaction en attente.
2018 a eu ses pages noires, ces périodes de larmes et de douleurs. A l’image de ces morts consécutifs aux inondations dues aux pluies diluviennes dans la ville d’Abidjan et certaines contrées de l’intérieur du pays. Mais aussi, ces incendies répétés qui endeuillés plusieurs familles dans diverses localités. Et ces braquages spectaculaires qui ont vu des dizaines, voire des centaines de millions, s’envoler dans la nature !
Le scandale du guichet unique, la pénurie aiguë de gaz, qui a trainé sur des semaines et la hausse quasi-permanente du coût du transport malgré la fluctuation du coût du carburant sont des ratés auxquels il n’est pas superflu d’ajouter la grève des agents de santé et les conséquences qu’elle a engendrées. Comme si cela ne suffisait pas pour causer un traumatisme social, les politiques se sont encore illustrés, toujours en place, en bonne place pour continuer à crisper l’atmosphère.
En Côte d’Ivoire, en 2018, la vie politique aura été rythmé par la guéguerre fratricide au sein de la grande famille des Houphouëtistes. De l’alliance qui les a conduits au pouvoir, qu’il co-gère depuis 2011, il n’en reste plus qu’une coalition peu cohérente qui tend à se transformer en parti unifié sous la conduite du président de la République, Alassane Ouattara, son président.
Après Anaky Kobena du Mfa, Gnamien Konan de l’Upci, Henri Konan Bédié, président du praesidium du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) ne jure plus que par le regret. Le président du Pdci-Rda a quitté cette coalition au pouvoir, rompu officiellement avec son cadet et principal alliée depuis 13 ans, pour entrevoir une nouvelle idylle avec de probables nouveaux partenaires.
Coups de froid répétés entre lui et Alassane Ouattara. Mais aussi, entre le président de la République et le chef du Parlement, Guillaume Soro, à la recherche de nouveau repère. Hors du navire Rhdp que conduit son mentor. Dans la foulée, pareilles grisailles au Pdci-Rda. L’héritage politique laissé par feu Houphouët-Boigny s’effrite à nouveau. Ces militants partagés entre le parti unifié d’Alassane Ouattara, son unique Premier ministre, et ce qui reste du Pdci avec son dauphin, Henri Konan Bédié.
Qui va l’emporter sur son camarade ? Violente question, dirait l’artiste ! Ce qui est certain, les deux camps ne terminent pas cette année sous de bons auspices. Chacun, saisissant chaque tribune pour lancer des pierres dans le jardin de l’autre. Le tout sous le regard sournois d’une opposition divisée et aux abois. Pleurant ses morts en cascades, le regard tourné vers la Haye pour espérer une éventuelle libération de son mentor et son retour à la terre natale. Laurent Gbagbo libéré d’ici le dernier jour de cette année ?
Ses partisans ont déjà fait la fête à la fausse alerte donnée, le lundi 10 décembre dernier. Toutefois, ils demeurent dans l’espoir que la « bonne nouvelle » se confirme à la Cour pénale internationale (Cpi). Ainsi, sonnera l’heure des retrouvailles. Les retrouvailles entre eux et leur leader. Mais aussi, des retrouvailles entre des acteurs, les mêmes, les indécrottables de la vie politique ivoirienne. Le triumvirat du mal politique en Côte d’Ivoire. Qui pousse de bourgeons avec de jeunes leaders prêts à se lancer dans la bataille, à les contraindre à la retraite en 2020. Vous avez dit 2020 ? De grandes surprises se dessinent déjà à l’horizon au travers des rideaux de 2018, qui se ferment. En attendant des éclairages en 2019 sur la suite, joyeux Noël à tous et bonne fin d’année à chacun !
Félix D.BONY