Ils ont, par moment, donné des sueurs froides au monde entier. Et ont manqué de peu même d'en venir aux armes. Les menaces ont fusé de Pyongyang à Washington. Mais, Donald Trump, le président américain, et Kim Jong Un, l'homme fort de la Corée du Nord, ont fini par se retrouver.
Le mardi 12 juin 2018 restera une date gravée dans les marbres de l'histoire de la planète. L'on retiendra de cette date qu'elle marque une étape décisive franchie dans la décrispation entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Deux farouches adversaires, qui ne se sont jamais toléré dans l'histoire. Le dialogue a triomphé de cette adversité sur l'île de Sentosa, à Singapour, où les deux leaders ont échangé de chaudes poignées de mains pour faire la paix des braves. Ils sont allés au delà de cette symbolique pour consacrer cette décrispation par un accord écrit de paix, synonyme d'un départ nouveau. Celui de l'établissement de nouvelles relations entre la République populaire démocratique de Corée et les Etats-Unis. Qui l'eut cru ?
Il y a encore un mois, personne ne pouvait présager un tel accord. Nul ne pouvait imaginer Kim Jong Un céder à une dénucléarisation de la péninsule coréenne. Encore moins les Etats-Unis songer à établir une relation avec le pays de feu Kim Il-sung, fondateur et premier président de la Corée du Nord. Mais, l'inimaginable d'il y a seulement quelques semaines est devenue une réalité en quelques jours. Il aura fallu, simplement, que deux hommes se rencontrent, se parlent, pour qu'ils se comprennent et libèrent toute la planète. Le dialogue, toujours le dialogue, l'arme des plus forts, comme dirait le défunt président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny. Mais, pas n'importe quel dialogue. Car il s'agit du dialogue dans la sincérité, comme Donald Trump, le 45ème président américain, connu pour son franc-parler, l'a réussi avec Kim Jong Un, l'intraitable petit-fils de 34 ans, et digne héritier de Kim Il-sung.
Ce dialogue réussi, qui anime les débats sur toutes les antennes de télévision dans le monde, devrait servir d'exemple à tous. Même dans les plus petites sphères de nos sociétés. Chacun gagnerait à comprendre que l'on apprend toujours des autres. A condition de se retrouver et de se connaître, de s'accepter les différences les uns des autres. Car, nul ne peut égaler son semblable. A l'image des cinq doigts d'une main, qui cohabitent, mais jouent différemment leur rôle chacun, parfois dans une synergie, pour le bien de tous, sans rivaliser sur leurs tailles. Grand ou petit, chacun sert toujours à son niveau, et à sa manière. Pourvu qu'il jouisse de sa liberté. Comme Pyongyang l'avait toujours réclamée vis-à-vis du géant Américain ou d'autres puissances du monde.
A l'échelle des dirigeants politiques, ce qui vient de se passer sur l’île de Singapour devrait apparaître comme une belle leçon. Une leçon de démocratie vraie. Marquée du respect d'autrui. Une démocratie constructive consistant à transformer son ennemi en ami, pour l'intérêt du collectif. Et non en faire un adversaire à tous les prix au mépris de tous les risques que cela peut entraîner. Jusqu'où aurait mené le monde dans une guerre entre la Corée du Nord et ses soutiens face aux Etats-Unis et ses alliés ? Nulle ne saurait l'imaginer ! Le plus important, c'est de retenir que même les pouvoirs les plus forts devraient apprendre à dialoguer avec les plus faibles. Simplement pour trouver toujours un juste milieu, et avancer. Avancer ensemble, sans exclusion. Ce qui éviterait les frustrations, le radicalisme et autres radicalisations. Tout le monde n'y gagne-t-il pas. Le monde s'en porterait certainement mieux.
Kim et Trump ont montré la voie. Ils viennent de démontrer aux yeux de la planète qu'il n'y a pas de honte à se retrouver. Cela devrait inspirer plus d'un dirigeant sur notre planète. Et surtout à l'intérieur de nos États toujours en crise. Prenons la balle au bond, plus particulièrement pour les dirigeants africains, qui laissent souvent leurs pays s'engouffrer dans des crises pourtant bien prévisibles et évitables. Qu'est-ce qui empêchent les hommes forts de la République démocratique du Congo (pouvoir et opposition) de se retrouver et de se parler franchement pour l'avenir de ce vaste et riche pays? Quid du Cameroun, de Madagascar, du Togo, et même de la Côte d'Ivoire où rien n'est encore acquis ?
Ici, on parle de réconciliation. Mais, tout le monde, ou presque tous restent unanime sur le sujet. La réconciliation continue d'être un vœu pieu. Un défi encore entier à relever. Même les alliés au pouvoir se déchirent. Faute d'un dialogue sincère en leur sein. Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), coalition rangée derrière le président Alassane Ouattara et qui l'a aidé à arriver à bout du camp de l'ex-président Laurent Gbagbo, est en peine. Elle n'arrive même pas à maintenir sa cohésion. Pour prétendre ses dirigeants se tournent vers leurs adversaires d'hier. Lesquels, eux-mêmes, restent reclus dans une crise d'égo, qui rongent et ruinent tous leurs espoirs.
Dans cette ambiance, 2020 approche. Avec de nouvelles échéances qui aiguisent les appétits et attisent des passions. On croirait qu'il y aurait la paix des braves un jour, mais le rêve continue de tourner à la dérision. Les positions se radicalisent et en rajoutent aux rancœurs déjà accumulées. Point d'élan patriotique pour penser au collectif. Les murs se dressent, et les adversités s'aiguillonnent. Comme des zombies prêts à mener la guerre à des aryens. Sur des arguties égocentriques, dénués parfois de sens et de fondement.
A quand le sursaut de Kim et de Trump ? Pour aplanir toutes ces divergences et songer au plus important ? C'est-à-dire au peuple, à sa survie et à celle de la nation ?
Plus que 30 mois pour voir nos héros nationaux s'ériger en hérauts d'un avenir certain. A moins qu'il ne reste plus que des nécrophages, toujours prêts à croquer les os de dernières victimes.
Félix D.BONY