L’Avenir en pétrain!

Edito
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A peine les congés de fin d'année annoncés, les élèves ont décidé de se mettre en vacance. Délibérément, avec ou sans le consentement de leurs encadreurs, ils réclament des congés prolongés. Pour obtenir ces vacances, ces apprenants, généralement une minorité qui s'érige en agitateurs, renoue chaque année avec le même procédé : l'usage des pétards et autres explosifs pour perturber les cours et contraindre leurs administrations à fermer les classes.

C'est le même scénario tous les ans. Et les générations d'élèves qui se suivent se le laissent en héritage. Mais, le système a toujours eu du mal à freiner ces mauvais grains qui en rajoutent aux difficultés de l'école ivoirienne. Le phénomène va de mal en pis. En plus de l'usage des explosifs, de plus en plus, des élèves se spécialisent dans les agressions. Des violences perpétrées sur les maîtres. Leurs maîtres. La semaine passée, c'est un censeur qui se faisait molester par ses propres administrés à Gagnoa. Quand à Abidjan, plusieurs enseignants sont contraints d'interrompre les cours pour ne pas subir le courroux de ceux pour qui ils sont payés.

Triste pour des apprenants qui refusent d'apprendre. Une jeunesse qui prend volontiers le pari d'hypothéquer son avenir. Et pourtant, l’on est tous unanimes que l'avenir appartient à la jeunesse. Que la Jeunesse, c’est l’Avenir. Mais, il ne s’agira pas de n'importe quelle jeunesse ! Car, demain ne sourira qu'aux jeunes, consciencieux, bien formés et capables d’affronter les défis qui les attendent. Des jeunes qui prennent au sérieux leur éducation de base.

Le philosophe allemand, Sigmund Freud, l’a si bien caricaturé, ce cheminement normal de l'homme. « L'enfant est le père de l'homme ». C'est-à-dire que l'enfance aujourd'hui présage de l'adulte de demain. Vérité indéniable ! Mais, tout part du système mis en place pour l’évolution de ces futurs adultes. C'est alors qu'intervient la part de responsabilité de l’État. Le premier à être indexé.

A propos, chaque année, revenons sur les mesures prises chaque année, en ce qui concerne l’usage des pétards. L’on se souvient de cet arrêté du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité maintes-fois remis au goût du jour qui interdit l'importation et la commercialisation sur les marchés ivoiriens des pétards et autres explosifs. Pourtant, c'est au nez et à la barde de tous que ces engins bruyants, qui perturbent la quiétude des populations, sont vendus à tous les coins. Il n'existe aucune artère du District d'Abidjan où ces explosifs ne sont proposés par des vendeurs ambulants, se faufilant parfois au milieu des automobilistes à des feux tricolores ou profitant des nombreux bouchons en ces périodes d'engorgement pour écouler leurs marchandises. Sur tous les marchés, ces pétards inondent les étals. Mais, point de décisions pour réprimer les contrevenants à la mesure prise par le gouvernement. Toute chose qui donne l'allure d'une autorisation tacite de ce commerce florissant, mais dont les effets perturbateurs ne sont plus à conter. A commencer par le mauvais usage de ces engins qu'en font les enfants dans les écoles. Qui des nuisances sonores dans les quartiers ?

Secundo, il se pose un réel problème d'éducation de base des enfants dans certaines familles. N'est-ce pas de l’entité familiale le point de départ de ces dérives à l'école ! Qui sont ces jeunes qui perturbent les cours ? A y voir de près, il ne peut s'agir que d'enfants ayant raté les fondamentaux dans la cellule familiale. Des parents d'élèves ont une grande part de responsabilité dans ces phénomènes qui gangrène l’école ivoirienne. Car, un enfant bien éduqué ne saurait s'adonner à des pratiques susceptibles de nuire à son image et à celle des siens.

Voyons ce qui s'est passé à Korhogo, le vendredi dernier ! Des parents, qui font une descente dans un commissariat et agressent des agents pour réclamer des enfants arrêtés pour avoir perturbé des cours. Des pères ou mères de familles qui semblent donner caution à l'inconscience de leurs progénitures. Ces mineurs qui profitent de leur condition pour défier l'Etat. Sous le prétexte qu'ils sont l'abri de toute poursuite judiciaire, en effet, ils en ont eu cure les injonctions de leur ministre qui a donné l’autorisation à chaque chef d’établissement de sanctionner les perturbateurs. Malgré tout, il y des parents pour se lever et défendre leurs cas.

On a encore fraîchement en esprit le scénario similaire de ces groupes d'enfants dits en conflit avec la loi, plus connus sous l'appellation de ''microbes''. Ces ''teenagers'', qui agressaient, tuaient impunément, et contre lesquels la police ne pouvaient quasiment rien. Eu égard à leur statut de mineur. C’est ce scénario maléfique qui se reproduit dans les lycées et collèges. De quoi désespérer de l’Avenir que l’on veut bâtir. Il faut bien même le holà. Chaque parent doit être tenu responsable des actes de sa progéniture. Ainsi, le coupable est vite trouvé et ne saurait se soustraire à la rigueur de la loi. Mettre chaque famille devant ses responsabilités pourrait être la panacée idéale pour contrer cette délinquance juvénile qui prospère dans le temple du savoir. Ainsi, on retrouvera la paix à l'école et espérerait mieux des apprenants, l’Avenir du pays.

Sinon, avec le pétard à l'école, ce sera l’Avenir en pétrain, on sera loin de finir avec les crises à répétitions et les hypothétiques aventuriers dans le désert libyen ou sur les flots des vagues en Méditerranée.

 

Félix D.BONY