2020, le suspense de Ouattara....

Edito
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Plus personne ne peut parier sur l’avenir politique d’Alassane Ouattara. Le président ivoirien seul détient le secret sur ce qu’il entend faire dans les toutes prochaines années. Plus exactement au terme de son mandat en cours, en 2020. Le 23 octobre 2015, deux jours avant sa réélection, il laissait échapper, dans un entretien à des confrères français (Rfi, Afp et Le Monde) qu’il ne se représenterait au cours des échéances à venir. Le chef de l’Etat ivoirien soulignait même qu’il n’excluait pas la possibilité de ne pas aller jusqu’au terme de son second mandat et de le laisser terminer par son vice-président afin de lui permettre de prendre du repos. « Pouvez-vous certifier que dans la nouvelle Constitution que vous souhaitez, si vous êtes élu, il n’y aura pas d’article qui lèvera la limitation à deux mandats à la tête de l’Etat ? », lui demandèrent les confrères. Et le président de la République de répondre : « Soyez tranquille. Si j’avais pu régler ce que j’avais à faire en un mandat, je n’aurais pas fait un second. Qu’est-ce que cela m’apporte ? Rien que de la fatigue. Je suis heureux parce que j’apporte une contribution à mon pays. La clause sur le quinquennat renouvelable une fois ne sera pas modifiée. J’aurais 78 ans en 2020, ça ne me vient même pas à l’esprit et même si on me le demandait, je ne le ferais pas. J’avais un cabinet de conseil qui me rapportait beaucoup d’argent, que j’ai dissous pour ne pas avoir de conflit d’intérêt. Je voudrais reprendre cette activité et je peux vous dire que je n’exclus pas de ne pas finir mon deuxième mandat. Si après trois ou quatre ans, ça va bien, pourquoi ne pas demander à un vice-président de prendre les choses en main ! …» Cette position du président ivoirien a évolué aujourd’hui. La question de son retrait du pouvoir n’est plus à l’ordre du jour. Mieux, Alassane Ouattara n’écarte plus la possibilité de vouloir rempiler en 2020. Le samedi 25 novembre dernier, dans une interview exclusive à France 24, il a semé le doute dans ses réponses. Le chef de l’Etat, interrogé sur l’échéance à venir dans trois ans a indiqué qu’a priori il ne se représentait pas. Puis d’ajouter ceci, sur insistante de son interviewer : « En politique, on ne dit jamais non ». Une réaction nuancée au rappel de ses propos de 2015, qui a poussé le journaliste à vouloir en savoir davantage avec précision. Mais, Alassane Ouattara est resté catégorique : « Attendez2020, vous connaitrez ma réponse en ce moment ». Le vendredi 1er décembre 2017, au lendemain du sommet Union européenne – Union africaine qu’il a accueilli à Abidjan, le président ivoirien, sur les antennes de Rfi, est encore interrogé sur la question. Sa position est restée inchangée. «J’ai dit qu’en 2020, on verra, je donnerai ma décision », a réaffirmé fermement le chef de l’Etat. En principe, rien n’empêche Alassane Ouattara de donner un signal fort au moment où de partout dans le monde, tout le monde se lève contre la longévité au pouvoir des chefs d’Etat. Mais, dans le cas de la Côte d’Ivoire, le chef de l’Exécutif est confronté à des équations qui le conduisent à observer cette posture de ni non ni oui. Tandis que le Pdci-Rda, son allié réclame le fauteuil, à sa succession, ses partisans du Rdr l’appellent à un 3ème mandat. Avec eux, d’autres acteurs et non des moindres, les chefs coutumiers et traditionnels, qui l’encourage à rempiler. Personnellement, le président Ouattara n’éprouve pas cette envie de conquérir un autre mandat. Par contre, il ne veut pas non plus courir le risque de laisser sa succession à quelqu’un qu’il ne maitrise pas. Car, ce ne sont pas les appétits qui manquent autour de lui. De Guillaume Soro, au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en passant par le Pdci qui réclame l’alternance en 2020, tous ces prétendants ne facilitent pas la tâche au tenant actuel du pouvoir. Annoncé son départ si tôt serait ouvrir la boite de pandore. Personnellement, Alassane Ouattara aurait opté pour son Vice-président Daniel Kablan Duncan si ce cadre du Pdci, son principal allié, avait toute l’adhésion de sa famille politique. Ce qui n’est pas le cas. Pour couper court, laisser la situation en l’état est pour le président de la République la meilleure façon de maintenir la cohésion autour de lui et d’éviter les dispersions et les antagonismes au sein des ambitieux qui fourbissent leurs armes. Ce silence brouille toutes les cartes et lui permet de tenir la barre pour continuer à gouverner sereinement jusqu’au terme de son mandat. Ainsi, toutes les velléités sont canalisées, sauf s’il arrivait que la rupture s’opère avec un cadre qui se détache où le Pdci dont les dirigeants n’ont pas arrêté de chanter l’alternance. En été 2018, les partisans de Bédié annoncent un congrès. Rassemblement à l’issue duquel ils ambitionnent de désigner un candidat pour 2020. Vont-ils franchir le rubicond alors que Ouattara n’a pas encore dit son dernier mot ? Vivra verra !   Félix D.BONY