Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara se sont enfin rencontrés. Le président du Pdci-Rda et le chef de l’Etat se sont parlé. En tête-à-tête, le mardi 31 octobre 2017, ils ont soldé leurs contentieux. A la veille de la célébration de la Toussaint. Jour symbolique, instant de recueillement et de prières pour les défunts. Surtout ceux dont la vie demeure un témoignage pour les souvenirs bons qu’ils ont laissés. Ceux-là qui, de leur vivant, ont semé les grains de l’Amour qu’ils récoltent, de l’au-delà.
Les présidents Bédié et Ouattara ont dû choisir ce jour, peut-être, par hasard. Soit. Mais, ils auront posé un acte de grandeur qui devrait marquer les esprits en s’asseyant, après plusieurs mois de froid dans leurs relations naguère chaleureuses, pour laver le linge sale dans une posture de braves. La décrispation a eu lieu. Peut-être pas totalement. Mais, il y a eu dégel, et c’est déjà l’essentiel. La communication est rétablie. Ce qui veut dire que les deux personnalités peuvent et continueront de se parler. Le dialogue renoué ne vaut-il pas en lui seul une victoire ? Victoire pour tous, certes, mais surtout victoire pour celui l’initiateur de la rencontre, le président de la République. Celui qui gouverne n’est-il pas celui qui a le plus besoin de paix et de stabilité ? Le chef de l’Etat ne devrait surtout pas l’ignorer. Aussi, ne s’est-il pas arrêté au dégel dans ses brouilles avec son allié du Pdci-Rda. Mais, il a poursuivi avec son poulain Guillaume Soro. Le président de l’Assemblée nationale avec qui il est resté aussi distant ces derniers mois. Ici aussi, la paix des braves a eu lieu. Le linge sale a été passé à la machine. Loin de tout tintamarre. Une rencontre entre père et fils. Ça a dû être tendu, par moment. Mais, ils se sont parlé. et se sont compris. La roue va recommencer à tourner. Comme avant. Finies les spéculations et les craintes pour les lendemains. Car, c’était bien le cas. Car, les Ivoiriens avaient commencé à retenir le souffle. Redoutant que s’amoncellent à nouveau des nuages sombres sur la Côte d’Ivoire, à l’amorce du dernier trimestre de l’année annonçant les moments de détente et de festivité.
Détente ! Le mot n’est pas encore d’actualité pour tous. Précisément dans certaines familles politiques comme le Front populaire ivoirien (Fpi), qui aspirent à diriger le pays. Situation au Fpi ? Parlons-en ! Le parti de Laurent Gbagbo, ex-président de la République, continue de se complaire dans la crise. Une crise profonde, un conflit d’égo et d’égocentrisme qui lui vole, depuis des années, son unité et sa cohésion. On pensait que cette crise allait tendre vers son épilogue, suite à un appel à l’unité de Laurent Gbagbo depuis sa cellule de la Haye. Mais, c’est comme si l’ex-président avait méconnu les égos surdimensionnés de ses ex-lieutenants, Abou Drahamane Sangaré et Pascal Affi N’guessan. Samedi dernier, les protagonistes rangés derrière ces deux acteurs se sont encore illustrés. Pas de la bonne manière. En se bagarrant sur la dépouille de l’un des leurs. Tout simplement, parce que d’autres seraient indésirables à ces funérailles. Pour être proche d’Affi N’guessan, Marcel Gossio a manqué de se faire tabasser, à la veillée funèbre de l’ancien député, Gilbert Déhé Gnahou, son frère de la même région. Seuil de l’intolérance ! Alors que les coutumes traduisent bien que ces moments de deuil sont des occasions de dégel et de décrispation. Jusqu’où vont-ils aller, ces protagonistes du Fpi ? Qui ambitionnent de reconquérir le pouvoir en 2020. Dans moins de trois ans, et dans la division….
Comme un effet de contagion dans les partis politiques, au Mouvement des forces d’Avenir également, on cherche ses marques. Ce parti est tiraillé, depuis plusieurs semaines, entre deux tendances. Anzoumana Moutayé, son président, est contesté par son ex-vice-président Siaka Ouattara et des camarades. On ne sait plus qui est légitime à la tête de cette formation politique. Même éjecté par ceux qui se battent aujourd’hui, Anaky Kobena, le père-fondateur, continue de de réclamer sa légitimité de vrai leader du Mfa.
A côté, ça somnole au Parti ivoirien des travailleurs (Pit), où l’on feint de ne pas se sentir concernés. Pourtant, ici aussi, le syndrome de la division fait rage. Deux autres leaders se disputent la légalité. Dr Daniel Aka Ahizi et Pr. Joseph Séka Séka ont du mal à se retrouver, comme leurs camarades du Mfa, pour solder leurs passifs familiaux. Résultat, le Pit se conjugue en camp Ahizi et camp Séké. Une ambiance qui n’est pas faite pour faire avancer ces formations en débris, qui peinent à avoir un seul élu et sont contraintes de vivre à la remorque des blocs existants. Le Rassemblement des Houphouëtistes (Rhdp), l’alliance au pouvoir, où l’opposition à la recherche de ses repère.
Entre-temps, le Pdci et le Rdr, eux, ont compris le sens de la détente pour exister et pour avancer. Un exemple qui devrait inspirer d’autres protagonistes. Surtout en cette fin d’année, pour aborder l’année nouvelle avec de nouveaux projets et d’autres dispositions d’esprit. Y a-t-il des oreilles pour l’entendre ?
Félix D.BONY