‘’Sous un ciel nuageux qui pue’’

Edito
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Cela n’a échappé à personne. La semaine qui vient de s’écouler a été marquée par une série noire en Côte d’Ivoire. Une succession de braquages spectaculaires qui continuent de susciter interrogations au sein de la population. La ville d’Abidjan en a fait le record. Avec au moins une demi-dizaine de coups. Presque tous se sont soldés par des butins énormes. Des dizaines de millions de f Cfa emportés par des bandits lourdement armés. Qui ont réussi à chaque fois à s’évanouir sereinement dans la nature. Point d’obstacle pour les en empêcher. Même quand ils ont sévi sur une place aussi fréquentée comme la devanture de ce célèbre supermarché à Marcory.

Il est vrai, c’est bientôt la fin de l’année. Une période propice pour les braqueurs. Car, beaucoup d’argent circule en pareil moment. Surtout dans la métropole abidjanaise. Tous convergent vers le sud. Qui pour du commerce, qui pour faire ses achats personnels, qui pour des retraits importants en vue des fêtes. Mais, nous ne sommes qu’en octobre. Loin encore de ces mouvements d’allées et venues qui engorgent la ville d’Abidjan et compliquent la circulation dès le début décembre. Les bandits auraient-ils choisi d’anticiper ? Pour éviter les dispositions prises en fin d’année et pompeusement annoncée en terme de sécurisation des populations ?

A priori, on répondrait par l’affirmative. Sauf que les braquages perpétrés ces jours-ci ne peuvent qu’étonner. Vue leur coïncidence avec la vaste opération de sécurisation lancée depuis des semaines par les forces de sécurité ivoirienne. En effet, ces faits et méfaits interviennent en plein dans l'Opération Epervier. Une action vigoureuse engagée par les forces ivoiriennes pour neutraliser les nids d’insécurité et annihiler le grand banditisme qui ternit l'image du pays. En quelques semaines, les chiffres avancés par la police sont éloquents. Des dizaines de fumoirs démantelés, des milliers de suspects interpellés, etc. Mais, cela n'a pas empêché que des individus en armes lourdes circulent et commettent des actes des plus répréhensibles.

En plus, la Côte d'Ivoire compte parmi les pays où le niveau de sécurité devait être rehaussé en raison des menaces terroristes dont elle n'est pas à l'abri. Ce qui voudrait dire qu'on ne devrait pas assister à un braquage en des lieux publics comme les abords des supermarchés sécurisés pour rassurer les populations. Autrement dit, quelque chose ne marche pas bien sur le front de la sécurité. Depuis quelques temps, ils semblent avoir disparu les agents et les véhicules du Centre de coordination des opérations de sécurité. Unité créée pour lutter contre le grand banditisme dans le District d'Abidjan et dans certaines villes de l'Intérieur. Sur les routes, les policiers et gendarmes semblent juste réduits à réguler la circulation. Leur moyen de travail ne se résumant qu'à un sifflet à la bouche. Point d'arme de dotation, encore moins de véhicule. Les commissariats sont dépourvus, pour la plupart, d'engin roulant. Pendant ce temps, ce sont des bandits lourdement armés qu'on signale çà et là. Faisant la fête aux pauvres citoyens.

Abidjan, Guiglo, Daloa dans la même semaine. Ce sont plus de 60 millions de f Cfa que des braqueurs ont emporté. Un butin effrayant. Pourquoi tous ces opérations commandos dans la même période ? La question mérite d'être posée. Car, on a encore en mémoire, il y a à peine une décennie, ce qui s'est passé. Dans un contexte politique délétère comme celui actuellement. On se souvient d'un certain Sia Popo, qui a osé cambrioler l'agence de la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest à Abidjan. Le coup du siècle. Avec plusieurs milliards dans nature. Peu après, il y a eu une rébellion. D'aucuns avaient lié les deux événements. Un butin de guerre constitué pour passer à l'offensive.

Aujourd'hui, la situation n'est pas moins électrique. Le ciel politique n'est pas clément. Avec les crise au sommet qui inquiète. A qui vont ces sous braqués ? Avec des armes de guerre qui font penser à des combattants expérimentés ? Juste des braqueurs qui préparent leur fin d'année ? Ceci mérite qu'on croise les doigts. Une chose est sûre. On n’en finit pas avec les phénomènes troublants dans ce pays. Depuis la fin de la crise militaro-politique, la Côte d’Ivoire est devenue un territoire incertain. Après les mutineries qui l'ont secouée durant des mois, les microbes qui ont marqué leur temps, ce sont les braquages qui prennent le relais. Sous un ciel nuageux qui pue....

 

Félix D. BONY