« Bonjour Monsieur le journaliste, je voudrais vous informer que chez nous est inondé ». Ce message est un cri de détresse d’un habitant du quartier dit ‘’ 32’’ du nom du terminus du bus N°32, dans la commune de Koumassi. Cet habitant a cru bon de nous adresser un texto, très tôt, au petit matin du dimanche 8 octobre 2017, au troisième jour de pluies battantes sur la ville d’Abidjan. Cet habitant, qui a pu se procurer notre adresse certainement sur le site de linfodrome, ne s'est certainement pas trompé d'interlocuteur. Il ne savait plus à quel saint se vouer, et a préféré la voix d'un journaliste pour amplifier la sienne.
En effet, ces trois jours successifs de précipitations annonçant la petite saison des pluies, ont suffi pour causer le déluge dans certaines communes du District d’Abidjan. Connue pour être une commune où les difficultés se décuplent dès qu’il pleut, Koumassi en fait l’exception. La cité, dont les rares canalisations sont bouchées par l’incivisme de certains de ses habitants, est sous les eaux depuis le jeudi dernier. Tous les quartiers de cette commune sont inondés. Ses routes coupées. Ses habitants contraints de descendre dans les eaux pour rejoindre leurs boulots ou aller vaquer aux besoins quotidiens. A moins de s’enfermer chez soi pour attendre que les eaux s’étiolent.
Inutiles de s’attarder sur les gros bouchons que cela occasionnent sur les quelques voies praticables où s’agglutinent les automobilistes.
Que dire des petits business à proximité des voies inondées ! Tous sont arrêtés en attendant la fin des pluies pour permettre à ces opérateurs de relancer leurs activités !
Pendant que ça pleure à Koumassi, une commune populaire, dans certains quartiers huppés de la commune chic de Cocody, ce n’est pas non plus la quiétude. Les pluies qui s’annoncent enlèvent le sommeil aux habitants de ces quartiers. L’orgueil d’habiter Angré ou Riviera, beaucoup l’ont perdu. Ceux-là pour qui chaque saison pluvieuse est une période de cauchemar.
La preuve, depuis jeudi, du côté d’Angré Château, une partie des habitants est coupée du reste du monde. Point de route pour sortir de ce quartier. Impossible d’aller s’approvisionner en nourriture. L’eau a pris ses quartiers, et les populations sont restées enfermées chez elles. Dans l’espoir que le soleil reprenne ses droits et que la terre ferme réapparaisse pour leur permettre de retrouver le sourire. Pour se faire entendre, eux ont décidé de s’adresser à une radio étrangère. Leur cri aura-t-il été entendu ? On attend de voir.
Hormis ces exemples édifiants, la situation est très critique dans tout le district d’Abidjan. La capitale administrative de la Côte d’Ivoire communément appelée la Perle des Lagunes.
La perle est sous les eaux, et elle perd son éclat sous ces eaux. Abidjan devient méconnaissable. Ses belles rues, ses merveilleuses artères ne sont plus que des voies jalonnées de nids de poule. De profondes crevasses qui vont s’agrandissant. Transformant les chaussées en mouroirs des engins roulants.
Combien d’autobus de la Société de transport abidjanais (Sotra) n’y ont pas fini leur course ? Quel transporteur n’y paye pas les frais ? Quid des autres propriétaires de véhicules ? Tous sont abonnés aux garages mécaniques, qui se frottent les mains. Les seuls qui profitent réellement de ces infortunes liées aux routes qui ont foutu le camp.
A qui la faute ? Aux élus locaux, au district, au gouvernement ? Point de coupable. Chacun défend sa chapelle. Et comme toujours, c’est le pauvre contribuable qui souffre. A la grande indifférence de ses choix politiques. Ceux-là qui prêchent chaque jour son bonheur. Un bon vœu pieu demeurant au stade des mots, qui se transforment en maux dans son quotidien. Tout s’aggrave sur son chemin.
A quand une véritable politique d’assainissement de la ville d’Abidjan ? Vraisemblablement quand il y aura des actions concrètes. Au-delà des effets de communication. A l’instar de ces plans maintes fois décrétés qui n’ont jamais rien changer aux inondations, éboulements, ou envahissements des trottoirs. Décréter les grandes actions, c’est bien, mais agir, parfois dans le silence, mais sur le quotidien des administrés c’est mieux. Elus locaux, acteurs politiques, gouvernement, à vos marques !
Félix D.BONY