Consommation médicale et médecine traditionnelle en Afrique, problème posé et solution d'avenir

Et si on réfléchissait autrement
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Avant d'entrer dans le vif du sujet il faut définir la notion de consommation médicale. Du point de vue économique, c'est l'ensemble des acquisitions de biens et services médicaux en vue de la satisfaction des besoins de santé des populations.

En Afrique cette consommation est faible pour les raisons suivantes. Nous citerons en premier lieu les difficultés d'accès aux soins qui sont de deux ordres (financier et géographique). En second lieu, les problèmes d’organisation des systèmes de santé, et enfin en troisième lieu, le manque d'intégration de la médecine traditionnelle.

Les difficultés financières sont liées au mode d'accès aux soins qui apparaissent inadaptés au contexte socio-économique de ces pays. En effet dans la plupart des pays d'Afrique, l'accès aux soins est fondé sur le système de paiement à l'acte comme en Europe occidentale, alors que la pauvreté gagne de plus en plus de terrain en Afrique. On a tout simplement voulu importer dans ces pays des systèmes européens qui ne sont pas forcément adaptés aux pays africains.

Les difficultés d'accès d'ordre géographique s'expliquent par les problèmes de planification des établissements sanitaires.

La répartition actuelle des établissements sanitaires sur le territoire national en Côte d'Ivoire par exemple laisse apparaître des déséquilibres énormes entre départements et régions. Ces déséquilibres sont en effet responsables de faiblesses de consommation médicale dans certaines régions.

Au plan de l'organisation des systèmes de santé on note également une tendance à l'importation des modèles occidentaux basé s sur le libéralisme et les systèmes de couvertures des maladies nationales. Ces couvertures maladies sont financées le plus souvent par des cotisations sociales, alors que dans les pays d'Afrique, plus de la moitié des populations sont pauvres constituées surtout de paysans. Les résultats sont dans l'ensemble peu satisfaisants. L’espérance de vie dépasse rarement 45 ans et le taux de mortalité se situe en moyenne autour de 20 pour cent.

Pour améliorer les situations sanitaires en Afrique certains spécialistes ont proposé des modèles fondés sur les systèmes de tiers payant ou sur les systèmes nationalisés plus adaptés aux pays pauvres. Ces modèles favorisent en effet un meilleur accès au système de santé pour les populations pauvres dans la mesure où aucun paiement n'est exigé avant de recevoir les soins pour les malades.

Le troisième volet de la faiblesse de la consommation médicale en Afrique est le manque d'intégration de la médecine traditionnelle. Nous allons donc examiner ce problème dans les lignes qui suivent.

En effet les pays d'Afrique gagneraient à promouvoir la médecine traditionnelle car la médecine moderne d'origine occidentale coûte trop cher. Plus de 1000 milliards de francs CFA sont mobilisés chaque année en Côte d'Ivoire en faveur de la consommation médicale. Si donc cette somme était investie dans l'économie ivoirienne, elle pourrait aider à relever celle-ci. Donc le développement de la médecine traditionnelle en Afrique constitue un facteur de développement de ce continent.

L'Afrique doit suivre le modèle chinois en ce qui concerne la médecine traditionnelle pour son développement. D'ailleurs la Chine vient de démontrer à la face du monde que la médecine traditionnelle peut aussi guérir certaines maladies tel que le paludisme. L'OMS vient d'annoncer l'éradication totale du paludisme en Chine et cela est à mettre à l'avantage de la médicine chinoise basée sur les plantes médicinales.

Cela est encourageant pour l'Afrique à développer la médecine traditionnelle comme alternative à la médecine occidentale dite moderne.

L'intégration et le développement de la médecine traditionnelle devront favoriser l'accroissement de la consommation médicale en Afrique et l'amélioration de la santé dans ce continent.

 

Dr François A. ADOH (adohadohfrancois@gmail.com)

Économiste consultant en économie de la santé et gestion hospitalière.

Ancien DAF du CHU de Treichville | Ancien directeur de CHR | Ancien Inspecteur technique du ministère de la santé de Côte d'Ivoire