Faut-il réduire le coût de l'hospitalisation publique en Côte d'Ivoire ?

Et si on réfléchissait autrement
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Le coût de l'hospitalisation publique peut se définir comme l'ensemble des charges des hôpitaux publics. Celles-ci comprennent donc les charges directes et indirectes de ces hôpitaux. Les charges directes se répartissent entre charges fixes et charges variables. Les charges variables varient en fonction du volume d'activité, tandis que les charges fixes restent constantes quel que soit l'activité.

Les charges indirectes certes n'ont pas de lien avec l'activité hospitalière mais contribuent à sa réalisation. Par exemple les frais d'entretien des salles et les dépenses d'alimentation des malades. Coût total = coût direct + coût indirect.

Le coût de l'hospitalisation publique varie en fonction de la catégorie des hôpitaux (hôpitaux généraux, CHR, CHU, hôpitaux spécialisés) et en fonction de la spécialité médicale (chirurgie, gynécologie etc).

Il est relativement plus élevé dans les CHU que dans les HG et les CHR. En effet la qualité des prestations n'est pas la même dans ces différents établissements sanitaires, ainsi que la gravité des cas traités. Dans les HG, il s'agit des soins de premier degré, tandis que dans les CHR et CHU, ce sont des soins de second et de troisième degré.

Ce coût est dans l'ensemble moins élevé que celui des établissements sanitaires privés. Il représente environ le tiers du tarif du secteur privé.

Cependant, comparé au revenu des ménages il est relativement trop élevé et constitue donc un frein à l'accès au système de santé pour une grande partie des populations. La question est alors de savoir comment réduire ce coût pour accroître les taux de fréquentation dans nos hôpitaux publics, c'est à dire la consommation médicale globale.

La réponse à cette question renvoie à la notion de service public et son évolution. En effet le service public se définit comme un service d'intérêt général et de ce fait devrait être gratuit, étant financé sur des fonds publics. Cette notion a radicalement évolué et aujourd'hui, il n'est pas exagéré de dire qu'il existe une confusion entre les deux notions de service public et privé.

La réduction des coûts hospitaliers publics passerait d'abord par la maîtrise des charges hospitalières et le transfert de certaines charges telles que les charges d'électricité et d'eau au Trésor public ainsi que les dépenses des équipements sanitaires, du personnel hospitalier.

La maîtrise des coûts consisterait à lutter contre ce qu'il convient d'appeler les rackets et la corruption. En effet le racket et la corruption sont les principaux maux qui rongent la gestion de nos hôpitaux publics. La lutte contre ces fléaux constitue donc un facteur essentiel pour la réduction du coût de l'hospitalisation publique.

Cette réduction des coûts d'hospitalisation publique permettrait un accroissement de la consommation médicale facteur du développement du système de santé et donc l'amélioration de la situation sanitaire du pays

Évidemment dans un pays où le système d'assurance maladie ne couvre que moins de 10 pour cent des populations, le secteur public sanitaire devrait être le plus accessible possible pour la majorité des populations.

 

Dr François A. ADOH (adohadohfrancois@gmail.com)

Économiste consultant en économie de la santé et gestion hospitalière.

Ancien DAF du CHU de Treichville | Ancien directeur de CHR | Ancien Inspecteur technique du ministère de la santé de Côte d'Ivoire