Côte d’Ivoire/ le difficile dialogue politique: quelle sérénité pour les populations?

Edito
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Le dialogue politique, ce cadre de concertation entre les leaders des partis et groupements politiques en Côte d’Ivoire en vue de la réconciliation tant souhaitée est en panne. Cette plate-forme d’hommes et de femmes issus, principalement des représentations politiques qui devrait conduire le peuple ivoirien vers une sortie définitive des crises à répétition est mal partie. Ce qui ne donne pas d'espérer en des lendemains meilleurs pour le pays, en ce début d’année 2022. Dès lors, les vœux de paix et de prospérité exprimés par les Ivoiriens sonnent faux. Faut-il désespérer de la nation ivoirienne dans un environnement aussi délétère emprunt de suspicion et qui laisse croire en des jours difficiles? Quelle sérénité?

Une manœuvre de nature à fragiliser la cohésion nationale

À la suite de la dernière conférence de presse du procureur Adou Richard le 27 décembre 2021, les partis politiques de l’opposition ivoirienne sont vent débout. Individuellement ou collectivement, ces formations politiques ont dénoncé une manœuvre de nature à fragiliser la cohésion nationale. La dernière déclaration en date est celle du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) de Henri Konan Bédié et du Parti des peuples africains - Côte d’Ivoire (PpaCI) de Laurent Gbagbo.

Le procureur de la république a porté de graves accusations, assorties de menaces de poursuites judiciaires, contre des dirigeants des partis de l’opposition

«Le PDCI-RDA et le PPA-CI ont respectivement publié, les mercredi 29 et jeudi 30 décembre 2021, des déclarations pour s’interroger sur la sincérité du dialogue politique initié par le gouvernement, le 16 décembre dernier. Les interrogations des deux partis, acteurs majeurs de la vie politique nationale, font suite à la conférence de presse du procureur de la république près du tribunal de Première Instance du Plateau tenue le lundi 27 décembre 2021.

En effet, il s’agissait, pour le procureur, de rendre publiques les conclusions des enquêtes qu’il dit avoir menées à la tête de l’unité spéciale d’investigation mise sur pied, au lendemain de l’élection présidentielle (controversée) d’octobre 2020. Ces investigations visaient à faire la lumière sur les violences meurtrières survenues lors de ladite élection. A cette occasion, le procureur de la république a porté de graves accusations, assorties de menaces de poursuites judiciaires, contre des dirigeants des partis de l’opposition», ont fait observer ces partis politiques.

Avant de souligner que cette conférence de presse du procureur a curieusement coïncidé avec la nouvelle date butoir de dépôt des termes de référence. «Ainsi, mis en rapport avec ce report, la sortie du procureur et le silence du gouvernement, quant à la suite attendue des travaux du dialogue, une semaine après la nouvelle date butoir, constituent un faisceau d’indices concordants suffisants pour justifier les interrogations du PDCI-RDA et du PPA-CI sur la volonté réelle du gouvernement de conduire le dialogue politique qu’il a librement initié», ont-ils conclu.

Les Ivoiriens dans leur grande majorité retiennent leur souffle.

De nombreux observateurs de la vie politique en Côte d’Ivoire pensent que 2022, c’est mal parti pour ce pays. En ce que l’épée de Damoclès ainsi posée sur la tête des chefs de l’opposition vient saborder le dialogue politique dont l’objet principal est de créer les conditions de la paix et de la cohésion nationale. Les Ivoiriens dans leur grande majorité retiennent leur souffle.

Le Procureur Richard Adou va-t-il mettre à exécution ses menaces? Si oui, alors bonjour les dégâts, prédisent des observateurs. Des leaders de l’ex- Conseil national de transition ( Cnt)  tels, Pascal Affi N’guessan, derrière les barreaux? La perspective de cette image à elle seule est-elle de nature à rassurer les investisseurs? Cette question taraude les esprits.

Les Ivoiriens prient pour que ce scénario ne se produise pas.

Mais, les Ivoiriens prient pour que ce scénario ne se produise pas. Alors, la Côte d’Ivoire pourra avancer avec courage vers la réconciliation de ses fils et filles. Pour ce faire, nous avions proposé des pistes, et, nous insistons:  libérer les prisonniers politiques civils et militaires, assurer le retour des exilés, poursuivre l'indemnisation des victimes, rassurer les populations quant aux bonnes dispositions prises en vue de poursuivre sereinement le dialogue politique jusqu'à son terme et organiser une journée de deuil national et de purification.

Bonne et heureuse année à toutes et à tous. Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire!

Jonas BAIKEH

Jonas BAIKEH
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