Et on est reparti pour un tour…

Edito
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Le mini-séisme politique provoqué par le Président Alassane Ouattara, le mercredi 14 novembre dernier, en décidant de dissoudre le gouvernement du Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, vient de prendre fin.

Au final, un nouveau gouvernement a été mis sur pied, sérieusement remanié avec 28 ministres au lieu de 36 dans le cabinet précédent, et des resserrements de portefeuilles ministériels. Les chiffres de ce nouveau gouvernement sont édifiants avec 10 ministres qui ont été sortis d’un coup de l’ancien cabinet, et quatre nouveaux qui y font leur entrée. Comme cerise sur le gâteau, un nouveau Premier ministre a été nommé en la personne de l’ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères, Daniel Kablan Duncan, en remplacement de Jeannot Ahoussou Kouadio.

Que faut-il retenir de ce ‘’chamboulement’’? Trois choses à mon sens.

Primo, que le président de la République a enfin nommé comme Premier ministre et chef de son gouvernement celui qui était inscrit sur ses tablettes depuis toujours. Alassane Ouattara et Daniel Kablan Duncan forment, en effet, une paire gagnante depuis la BCEAO à la fin des 1980. Ils ont constitué le ‘’duo de choc’’ de la 1ère Primature sous feu Félix Houphouët-Boigny au début des années 1990. L’un, Ouattara, à la Primature, l’autre, Duncan, comme sa doublure au ministère délégué chargé de l’Economie et des Finances.

Deuxio, c’est qu’on a l’étrange sentiment que tout ce chamboulement n’a été provoqué (dissolution du gouvernement, crise artificielle au RHDP, rencontre a forts renforts de publicité entre le président Ouattara et son ‘’ainé’’ Bédié) que pour liquider un Premier ministre dont le président de la République ne s’en accommodait plus. En effet, c’est un secret de polichinelle que de dire qu’entre le Chef de l’Etat et son ex-Premier ministre, le courant ne semblait plus passer ces derniers temps.

Qui peut dire avec exactitude la date du dernier ‘’déjeuner’’ entre les 2 hommes de l’Exécutif alors que cela était une tradition hebdomadaire ou mensuel? A la vérité, une question taraude les Ivoiriens : Qu’est-ce qui n’a pas marché entre les deux hommes pour qu’on en arrive à un limogeage qui prend des allures de sanction ?

Tertio enfin, que le mini-séisme politique du 14 novembre dernier, n’a pas eu les effets escomptés au niveau de l’opinion et ce, pour deux raisons. La première est que sont restés au gouvernement des ministres, que la clameur publique voyait allégrement, être limogés. Des ministres qu’on ne voulait plus et qu’on ne sentait plus au niveau de l’opinion. Le Président Ouattara les a-t-il maintenus comme pour dire ou faire dire aux uns et autres qu’il ne se laisse pas dicter ses choix, actions ou initiatives ? Possible !

La deuxième raison est que la coalition RHDP, qui a soutenu et porté le président Ouattara au pouvoir à l’issue du 2nd tour de la Présidentielle de 2010, semble avoir volé en éclats au profit d’un gouvernement propre au Chef de l’Etat. Cette ‘’révolution’’ a été passée sous silence, puisque le MFA, parti signataire de la plateforme, a perdu son unique portefeuille ministériel. Est-ce la faute aux résultats des dernières législatives qui ne lui ont pas été favorables? Ou le fait que le Chef de l’Etat a fortement désapprouvé le forcing exercé sur lui pour dégommer le ministre Philippe Légré ?

En tout état de cause, ce nouveau gouvernement a tenu son 1er conseil des ministres. Et le sentiment est qu’on est reparti pour un autre tour. Mais, avec cette fois à la tête du gouvernement le choix du président Ouattara lui-même. Les attentes sont là, nombreuses et bien au-delà de la macro-économie et de la croissance à 2 chiffres, le refrain étant revenu. Sur les marchés, les denrées alimentaires sont devenues chères, pour ne pas dire rares.

Le poisson et la viande sont hors de prix. Il n’y a pas, ou du moins il n’y a plus d’argent dans le quotidien des Ivoiriens. La vie est dure, la vie est chère, les populations souffrent. Il ne reste que 24 mois (2013-2014) avant l’année électorale de 2015 pour permettre au président Ouattara de dérouler son programme ‘’alléchant’’ pour lequel des Ivoiriens qui n’ont rien à voir, ni avec le RDR, son parti, ni avec le RHDP, sa coalition de partis, l’ont tout de même voté. Ces Ivoiriens attendent beaucoup des promesses c'est-à-dire les logements sociaux, les ‘’cargos de milliards’’. Voilà l’enjeu, leur enjeu…

JMK Ahoussou