
L’ascension fulgurante de DeepSeek, ce laboratoire d’IA chinois encore inconnu du grand public il y a quelques mois, a déclenché un véritable séisme dans le monde de la tech.
En quelques semaines, l’entreprise a prouvé qu’avec des moyens limités, il était possible de rivaliser avec les géants américains comme OpenAI, Anthropic ou Méta. Un exploit qui n’est pas passé inaperçu. Mais derrière ce coup d’éclat, un mouvement plus large se dessine. La Chine a plus d’un atout dans sa manche, et DeepSeek n’est que la partie émergée d’un iceberg d’innovation. Voici les autres entreprises chinoises d’intelligence artificielle à suivre de très près.
Depuis plusieurs années, la Chine affiche clairement ses ambitions : devenir le leader mondial de l’IA d’ici 2030. Pour y parvenir, elle mise sur un mix explosif : puissance universitaire, financements publics massifs, et surtout, une stratégie open source qui permet aux modèles développés localement de rayonner à l’international. DeepSeek a ouvert la voie en affinant les modèles existants de Meta et Alibaba, mais d’autres vont encore plus loin. Leur objectif ? Non seulement concurrencer les Américains, mais proposer des alternatives crédibles, puissantes et accessibles à tous.
Les géants chinois passent à l’offensive
Tencent et son modèle Hunyuan
Le conglomérat Tencent, déjà connu pour WeChat, a lancé Hunyuan, une application IA qui se distingue par ses capacités de raisonnement complexes. Selon l’entreprise, ses performances dépasseraient déjà celles de DeepSeek, notamment dans le traitement des requêtes structurées en sous-tâches.
ByteDance, au-delà de TikTok
Autre acteur majeur : ByteDance, la maison mère de TikTok. Avec son application Doubao, la société développe des modèles capables de générer des environnements en 3D en analysant des données spatiales. Un pas de géant vers l’IA immersive.
Alibaba, le « Google chinois »
Alibaba n’est pas en reste avec Qwen, une famille de modèles linguistiques qui séduit déjà plus de 90 000 utilisateurs professionnels via sa plateforme cloud.
01.AI fait partie des “Six Tigres”, ce groupe sélect de start-ups chinoises d’IA en pleine croissance, parmi lesquelles MiniMax AI et Moonshot AI, deux entreprises également soutenues par Alibaba.
Pour beaucoup, Alibaba incarne le rôle que Google ou Méta jouent aux États-Unis : moteur de l’innovation IA.
Butterfly Effect : la start-up qui veut défier OpenAI
Parmi les challengers émergents, une start-up fait particulièrement parler d’elle : Butterfly Effect, basée à Wuhan. En mars, elle a lancé Manus, un agent intelligent capable de naviguer seul sur Internet pour accomplir des tâches comme trouver un appartement, analyser des actions, ou concevoir un site web.
Malgré quelques limites techniques, Manus est considéré comme un rival potentiel d’Operator, le service intelligent d’OpenAI. Portée par une hype croissante, la start-up serait en discussions pour une levée de fonds qui pourrait la valoriser à 500 millions de dollars.
Agibot : le pari des robots humanoïdes
Dans un tout autre registre, Agibot incarne les ambitions chinoises en robotique humanoïde. Fondée par Peng Zhihui, ancien talent de Huawei, la société affirme avoir produit plus de 1 000 robots bipèdes dopés à l’IA.

Objectif annoncé : 5 000 d’ici la fin de l’année. Pour renforcer son équipe, Agibot a recruté Luo JianLan, ex-chercheuse chez Google X, preuve que les talents chinois reviennent aussi au pays.
01.AI et les “Six Tigres” de l’IA chinoise
Impossible de parler de l’IA en Chine sans évoquer Kai-Fu Lee, figure incontournable du secteur. Sa start-up 01.AI, lancée en 2022, a levé 200 millions de dollars et atteint une valorisation d’un milliard. Elle s’appuie désormais sur les modèles de DeepSeek pour créer des applications dans des domaines comme le jeu vidéo, le droit ou la finance.
01.AI fait partie des “Six Tigres”, ce groupe sélect de start-ups chinoises d’IA en pleine croissance, parmi lesquelles MiniMax AI et Moonshot AI, deux entreprises également soutenues par Alibaba.
Entre tensions géopolitiques et stratégie open source
Cette montée en puissance intervient dans un climat de fortes tensions entre la Chine et les États-Unis. Les restrictions sur les exportations de semi-conducteurs, imposées par l’administration Biden, visent à freiner la progression technologique chinoise. Et pourtant, celle-ci continue.
Ces entreprises chinoises spécialisées dans l’#IA pourraient être le prochain DeepSeek 🤖https://t.co/Uvj3ConX5W via @forbes_fr
— Anthony Rochand (@AnthonyRochand) April 14, 2025
Comment ? Grâce à une stratégie open source puissante, qui permet à ces modèles de traverser les frontières numériques. « Dans le monde open source, il n’y a pas de pare-feu », souligne Jeff Boudier de Hugging Face.
La force de la recherche universitaire chinoise
Selon Russell Wald, de l’université de Stanford, la Chine domine aujourd’hui la production scientifique liée à l’IA :
- 70 % des brevets accordés en 2023
- 23 % des publications mondiales
- Une montée en puissance continue dans les classements d’impact

Cette dynamique repose sur un État centralisé capable de mobiliser ses ressources à grande échelle. Et ça paie.
Ce que réserve l’avenir : la prochaine pépite n’a peut-être pas encore de nom
Ce qui rend la scène chinoise si fascinante, c’est qu’elle regorge encore d’entreprises sous les radars, qui, comme DeepSeek, pourraient éclore dans les mois à venir.
« L’entreprise dont vous entendrez parler demain, vous ne la connaissez pas encore aujourd’hui », résume Russell Wald. Une chose est sûre : la révolution IA ne se joue plus uniquement dans la Silicon Valley. Elle est désormais bipolaire, et la Chine compte bien jouer un rôle central dans ce nouvel équilibre technologique mondial.