L’IA interdite aux élèves dans les classes : Paradoxal, ce que cette technologie fait pour les enseignants

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l-ia-interdite-aux-eleves-dans-les-classes-paradoxal-ce-que-cette-technologie-fait-pour-les-enseignants ECOLE DES SCIENCES POLITIQUES DE PARIS (PH:DR)
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Dans les salles de classe, l’intelligence artificielle (IA) est devenue ce mal nécessaire qui profite aux enseignants et interdite aux élèves. Même si objectivement, le gouvernement de certains pays envisage d’intégrer l’usage de certains outils IA, tels que ChatGPT, DeepSeek, Copilot, Gemini et bien d’autres pour permettre aux élèves de s’adapter aux réalités du présent, d’autres pays pensent bien le contraire.

Fainéantise, ignorance à l’état pur, facilité à son paroxysme, toutes les écoles tombées dans un état lamentable où le savoir et toutes les valeurs ont foutu le camp ? Et oui, toutes ces questions ne cessent de tarauder l’esprit des Français et de certains pays africains comme la Côte d’Ivoire.


En France, le ministère de l’Éducation annonçait dès décembre 2023 que tous les élèves entrant au lycée seront accompagnés dès la rentrée 2024 d’un outil IA pour les aider en français et en mathématiques. Objectif : faire de l’intelligence artificielle un tuteur à domicile. Mais dans les établissements, la réalité est tout autre. ChatGPT reste interdit aux élèves, sous peine d’être accusés de tricherie.

Des outils puissants réservés aux enseignants

Dans plusieurs écoles, les professeurs utilisent sans retenue les intelligences artificielles pour corriger les copies ou produire des bulletins de notes. Aux États-Unis, des plateformes comme Writable exploitent ChatGPT pour analyser les devoirs écrits et proposer des retours personnalisés. Le professeur n’a plus qu’à valider. Au Royaume-Uni, l’application Real Fast Reports génère des appréciations scolaires en quelques secondes à partir de simples annotations.

« L’IA aide à détecter plus tôt les élèves en difficulté et à différencier les progressions ».

Ces technologies permettent de gagner du temps, d’optimiser le suivi individuel et de varier les supports pédagogiques. Yann Houry, directeur de l’innovation pédagogique dans un lycée international, défend cette pratique : « L’IA aide à détecter plus tôt les élèves en difficulté et à différencier les progressions ». Les enseignants se sentent épaulés, délestés de tâches chronophages.

Élèves : soupçonnés dès que le devoir est bon

Pendant ce temps, les élèves restent sous surveillance. À Sciences Po Paris, dès janvier 2023, un bannissement clair de ChatGPT a été mis en place et son usage est interdit pour tout travail écrit, sauf consigne contraire d’un enseignant. À l’Université de Lorraine, une professeure a refusé de corriger un devoir collectif, suspectant l’usage massif de l’IA, en raison de tournures trop parfaites.

« Ce n’est pas éthique que les profs utilisent l’IA si leurs élèves n’y ont pas droit ».

Aux États-Unis, au Royaume-Uni et même en Côte d’Ivoire, la même règle s’impose : l’IA, c’est de la triche pour l’élève. Le moindre devoir trop bien écrit devient suspect. Un simple progrès soudain suffit à déclencher une enquête. Résultat : les enseignants se sentent pris dans un jeu de cache-cache permanent avec leurs étudiants.

Une éducation à deux vitesses ?

Cette interdiction nourrit un malaise grandissant. Kimberly, une lycéenne interrogée par le New York Times, déclare : « Ce n’est pas éthique que les profs utilisent l’IA si leurs élèves n’y ont pas droit ». Difficile de justifier cette dissymétrie quand l’enseignant automatise sa correction et interdit à son élève d’automatiser sa rédaction.

À défaut d’outils fiables pour détecter un texte généré par IA, des écoles préfèrent supprimer les devoirs de maison, revenir aux copies manuscrites et aux évaluations orales improvisées. Des pratiques pédagogiques dignes d’un retour en arrière, juste pour contourner l’évolution technologique. L’IA creuse une fracture dans l’école : entre ceux qui y ont droit, et ceux qu’on veut encore protéger d’elle.

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