Solitude 3.0 : Quand la technologie nous rend plus seuls que jamais

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solitude-3-0-quand-la-technologie-nous-rend-plus-seuls-que-jamais VOICI COMMENT LA TECNOLOGIE NOUS PROCCURE LA SOLITUDE (PH:DR)
High tech

Une étude réalisée par Laura Marciano, chercheuse à Harvard, dévoile un paradoxe frappant : malgré une connectivité omniprésente, les adolescents d’aujourd’hui souffrent de plus en plus de solitude.

L’enquête, menée auprès de 500 jeunes, révèle que plus de la moitié d’entre eux passent régulièrement des périodes d’au moins une heure sans aucune interaction sociale, ni en ligne ni en personne. Ce constat, obtenu grâce à un suivi quotidien des interactions sociales des participants, montre qu'une majorité d’adolescents, même durant les vacances scolaires, vit dans une forme d’isolement social inquiétant, malgré une utilisation frénétique des réseaux sociaux. Cela soulève une question : l’Australie, qui a banni l’usage des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans, a-t-elle trouvé la bonne solution ?

La comparaison virtuelle : un piège toxique

Le Dr Vivek Murthy, chirurgien général des États-Unis, désigne la solitude comme une « épidémie nationale ». Selon ses recherches, bien que la technologie ne soit pas directement responsable de l’isolement, elle nourrit des comportements propices à celui-ci. Les études menées pendant la pandémie ont mis en lumière un phénomène inquiétant : la comparaison sociale constante sur les réseaux sociaux.

Une autre dimension de ce phénomène est la domination de la communication écrite instantanée. L’étude montre que les adolescents préfèrent largement les messages texte aux appels vidéo, avec seulement 2 % d’entre eux utilisant ce dernier mode de communication.

Le décompte des « j’aime », la mise en avant des réussites personnelles ou encore les standards de beauté imposés par les images en ligne génèrent des sentiments d’insuffisance et d’isolement. Cependant, comme le précise la professeure Chia-chen Yang de l’Université d’Oklahoma, toutes les comparaisons ne sont pas forcément néfastes. Dans un cadre académique ou professionnel, elles peuvent être motivantes et même bénéfiques.

L’instantanéité au détriment des connexions profondes

Une autre dimension de ce phénomène est la domination de la communication écrite instantanée. L’étude montre que les adolescents préfèrent largement les messages texte aux appels vidéo, avec seulement 2 % d’entre eux utilisant ce dernier mode de communication.

Ce choix modifie la nature même des échanges, privant les interactions des éléments paralinguistiques essentiels comme le ton de la voix, le langage corporel ou les expressions faciales, qui sont des clés de la véritable connexion humaine. Le Dr Marciano se pose alors une question essentielle : « Comment peut-on éprouver une vraie connexion avec quelqu’un sans une communication complète ? » Ce changement se reflète dans des rituels sociaux simples mais significatifs, comme les vœux d'anniversaire, qui se limitent désormais souvent à un « HBD » envoyé par message.

L’engrenage du divertissement solitaire

Un autre facteur clé de l’isolement numérique est la consommation excessive de contenus en streaming. Le Dr Marc Potenza de l’Université de Yale met en lumière les effets néfastes du « binge-watching » la consommation compulsive de séries sans interruption. Ce phénomène, d’abord associé à des plateformes comme Netflix, touche désormais aussi les formats courts d’Instagram et TikTok, créant un cercle vicieux d’isolement. Les adolescents préfèrent désormais s’immerger dans des contenus qui les tiennent captifs, parfois au détriment de leurs interactions sociales réelles.

L’IA comme substitut aux relations humaines

La situation s’aggrave avec l’émergence des chatbots basés sur l’intelligence artificielle. Emily Weinstein, spécialiste des comportements numériques chez les jeunes, note une tendance inquiétante : les adolescents se tournent de plus en plus vers les Intelligence Artificielle comme substituts des relations humaines.


Selon elle, certains jeunes affirment que ces robots sont plus compréhensifs et moins jugent que les humains. « Ce robot m’écoute vraiment ; les gens sont méchants, mais les IA ne le font pas », témoigne un adolescent. Cette évolution pourrait transformer profondément la manière dont les jeunes abordent les relations sociales dans un futur proche.

La tech : un miroir de nos échecs sociaux ?

Si la solitude est devenue un fléau moderne, la technologie, censée nous connecter, semble paradoxalement l’alimenter. Avec des outils et des plateformes pour rester en contact à tout moment, la solitude devient une réalité auto-infligée.

Peut-être que la technologie, loin de résoudre nos problèmes relationnels, en est le miroir déformant, nous offrant une compagnie silencieuse, sans jugement mais terriblement vide. La véritable question qui se pose est donc : la technologie nous aide-t-elle à surmonter notre isolement ou l'aggrave-t-elle ?