
Un vieux tube de crème oublié dans un tiroir, un sirop entamé depuis des mois, des comprimés retrouvés au fond de la trousse de secours…
Qui n’a jamais hésité à les utiliser malgré une date de péremption dépassée ? Faut-il réellement craindre un danger pour la santé, ou peut-on, dans certains cas, les consommer sans risque ? Entre prudence nécessaire et gaspillage évitable, faisons le point sur les médicaments périmés et les bons réflexes à adopter.
Efficacité réduite… mais pas toujours inoffensive
Lorsqu’un médicament dépasse sa date de péremption, cela signifie que sa stabilité n’est plus garantie. Autrement dit, ses principes actifs peuvent perdre de leur efficacité. Ce phénomène est particulièrement problématique dans les cas de traitements urgents ou critiques : un antibiotique périmé, par exemple, pourrait masquer une infection sans la soigner, retardant une prise en charge adaptée.
Mais au-delà de la simple perte d’efficacité, certains médicaments peuvent devenir toxiques en se dégradant. Cela concerne notamment des antibiotiques mal conservés ou certaines molécules sensibles à la lumière, à l’humidité ou à la chaleur. Dans ces cas-là, le danger est bien réel.
Crèmes, sirops, collyres : attention aux formes fragiles
Tous les médicaments ne sont pas égaux face au temps. Comprimés et gélules résistent généralement mieux à l’épreuve des années, à condition d’être conservés dans leur emballage d’origine, à l’abri de l’humidité.
La mention « à utiliser de préférence avant… » figure sur chaque boîte de médicament. Mais ce n’est pas la seule information importante. La notice contient souvent une durée d’utilisation après ouverture, parfois bien plus courte que la date de péremption.
En revanche, les formes liquides (sirops, collyres, solutions injectables ou buvables) sont beaucoup plus sensibles. Une fois ouverts, ils peuvent devenir rapidement impropres à l’usage, car exposés à une contamination microbienne. Idem pour les crèmes, gels ou pommades : leur texture, leur couleur ou leur odeur peuvent changer, signalant une altération. Utiliser une pommade périmée sur une peau abîmée peut provoquer des réactions allergiques ou des infections locales.
La date de péremption ne dit pas tout : lisez la notice
La mention « à utiliser de préférence avant… » figure sur chaque boîte de médicament. Mais ce n’est pas la seule information importante. La notice contient souvent une durée d’utilisation après ouverture, parfois bien plus courte que la date de péremption.

C’est le cas, par exemple, des collyres, qu’il faut jeter 15 à 30 jours après ouverture, ou des antibiotiques en poudre à reconstituer, dont l’efficacité chute rapidement. Même si le produit semble intact, sa stérilité ou sa composition chimique peut avoir été altérée. La lecture attentive de la notice est donc essentielle, surtout pour les médicaments ouverts.
Ce qu’il ne faut surtout pas faire avec vos vieux médicaments
Par réflexe ou par méconnaissance, on commet souvent des erreurs avec des médicaments périmés. L’une des plus graves : les jeter à la poubelle ou dans les toilettes. Ces gestes ont un impact désastreux sur l’environnement. Les molécules actives, même en petite quantité, peuvent contaminer les nappes phréatiques, perturber les écosystèmes aquatiques, et échapper aux systèmes de traitement des eaux usées.
Autre erreur fréquente : donner un médicament non utilisé à un proche qui présente les mêmes symptômes. Ce geste, pourtant bien intentionné, peut entraîner des erreurs de dosage, des interactions médicamenteuses ou des effets secondaires graves. Chaque traitement est personnalisé selon la pathologie, l’âge, les antécédents du patient. Il ne s’improvise pas.
Le bon réflexe : Rapporter les médicaments à la pharmacie
La seule manière sûre, responsable et écologique de se débarrasser de ses médicaments périmés, c’est de les rapporter en pharmacie. Un circuit sécurisé, géré par un éco-organisme, permet leur collecte et leur destruction dans des conditions qui respectent à la fois l’environnement et la sécurité sanitaire. Attention, seuls les médicaments sont concernés. Les compléments alimentaires, cosmétiques, thermomètres ou pansements ne doivent pas être rapportés. Pensez également à trier les emballages : cartons et notices partent dans les filières classiques de recyclage.
Anticiper pour mieux gérer : Triez votre pharmacie deux fois par an
Pour éviter de devoir jongler avec des boîtes périmées ou de gaspiller des médicaments non utilisés, un tri régulier s’impose. L’idéal : faire le point tous les six mois. Vérifiez les dates de péremption, séparez les produits entamés des neufs, et notez la date d’ouverture sur les flacons dès leur première utilisation.

Rangez vos médicaments dans un endroit sec, à température stable, à l’abri de la lumière. Contrairement à une idée reçue, la salle de bain n’est pas l’endroit idéal : chaleur et humidité accélèrent la dégradation des principes actifs.
En cas de doute, demandez conseil à votre pharmacien
Un médicament vous semble encore bon mais la date est dépassée ? Vous ne vous souvenez plus quand vous avez ouvert ce flacon ? Dans ces cas-là, le pharmacien est votre meilleur allié. Il saura vous dire si le produit est encore utilisable, s’il existe une alternative plus sûre, ou s’il faut le rapporter.
Mieux vaut prévenir que guérir
Utiliser un médicament périmé n’est pas toujours dangereux, mais cela n’est jamais anodin. Entre efficacité incertaine et risques réels de toxicité ou d’infection, la prudence reste de mise.
Apprenez à lire les notices, à bien conserver vos traitements, et surtout, à ne pas improviser avec votre santé. Et si un doute persiste… la pharmacie est toujours la bonne porte à pousser.