La high-tech israélienne au secours des abeilles

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la-high-tech-israelienne-au-secours-des-abeilles L'intelligence artificielle au service de la production de miel (PH DR)
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Ruches intelligentes, capteurs de protection, ingénierie génétique… Une dizaine de start-up imaginent des solutions pour que les insectes puissent survivre et produire du miel.

La fine fleur de la haute technologie veut sauver les abeilles en Israël. Un juste retour des choses dans un pays « où coulent le lait et le miel », selon la Bible. Intelligence artificielle, robotique, algorithmes et capteurs sophistiqués : tous les moyens sont bons pour contrer les multiples menaces pesant sur les ruches.

Vers la catastrophe

Plus d’une dizaine de start-up israéliennes se sont mobilisées. Il y a, en effet, urgence : le nombre d’abeilles, qui produisent non seulement du miel, mais jouent aussi un rôle vital dans la pollinisation, est en chute libre dans le monde. Une situation qui pourrait virer à la catastrophe : selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement français (Inrae), la pollinisation de 80 % des plantes à fleur et de plus d’un tiers des fruits et légumes est assurée par des abeilles.

le marché mondial du miel devrait atteindre quelque 14 milliards de dollars d’ici à 2025.

Mais l’utilisation massive de pesticides et la présence de parasites sont à l’origine de ce que les experts ont surnommé le « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles ». L’enjeu est également terre à terre : le marché mondial du miel devrait atteindre quelque 14 milliards de dollars d’ici à 2025.

Surveiller et soigner

Rien d’étonnant, dans ces conditions, à ce que des entreprises veuillent se lancer dans l’aventure. Certaines ont mis au point des ruches « intelligentes ». BeeWise a ainsi disséminé de petits conteneurs blancs dans lesquels les abeilles sont placées sous surveillance constante grâce à une association de la robotique, de l’intelligence artificielle et d’une application mobile. L’ensemble permet de surveiller et de soigner les abeilles 24 heures sur 24.

Le système peut abriter 24 colonies. Il contrôle automatiquement la température et l’humidité, élimine des parasites, distribue les médicaments et envoie des alertes relayées dans une salle de contrôle informatisée lorsqu’une intervention s’impose. Un système robotisé permet également de récolter le miel. L’apiculteur peut ainsi intervenir à distance sans avoir à accéder physiquement à la ruche.

Une autre société, ToBee, propose une plateforme technologique bardée de multiples capteurs, permettant d’administrer un traitement contre le varroa, un acarien, véritable calamité, qui s’accroche aux abeilles et se nourrit de leur graisse corporelle tout en les infectant avec des virus.

Bee Hero, une entreprise concurrente, a mis au point des capteurs intelligents qui fournissent des données essentielles sur la température, le bruit, l’humidité ou même l’état de stress de la reine, autant de signaux d’alarme qui permettent à l’apiculteur d’intervenir à temps en cas d’urgence.

Levées de fonds et exportation

Plus original, Bee-io, a développé une solution technologique encore plus « radicale ». Elle permet de se passer des abeilles pour produire du miel artificiel. Avantage de cette méthode : le producteur n’est plus dépendant des aléas climatiques, du nombre et de la santé des abeilles.

En outre, le « miel » ne contient aucun pesticide et produit nocif. « Le miel doit malgré tout être produit à partir du pollen, une source naturelle qui doit transiter par le système digestif d’abeilles, qui contient des enzymes qui cassent le sucre. Grâce à une ingénierie génétique, nous imitons ce qu’il se passe dans l’estomac de l’abeille », explique Ofir Dvash, patron de l’entreprise, dont le nom de famille signifie « miel » en hébreu.

La plupart des entreprises israéliennes du secteur ont d’ores et déjà pris leur envol grâce à des levées de capitaux de plusieurs centaines de millions de dollars. Plusieurs d’entre elles sont sur le terrain et exportent leurs innovations vers les Amériques, l’Europe et l’Asie. Mais une inconnue de taille subsiste.

Une véritable course contre la montre s’est engagée pour la survie des abeilles, entre une technologie de plus en plus performante et les effets délétères de pollutions tous azimuts et des bouleversements climatiques. La partie est loin d’être jouée d’avance. Comme le soulignent les propos attribués à Albert Einstein : « Si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans à vivre. » Petit détail, le célèbre physicien n’a jamais établi un tel diagnostic, ce qui ne signifie pas qu’il soit fallacieux….

Source : LaVie.Fr

SELEHO Nahadjenin
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