Echauffourées entre la RDC et Apple : Ce qu’il faut retenir du litige sur les « minerais de conflit »

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echauffourees-entre-la-rdc-et-apple-ce-qu-il-faut-retenir-du-litige-sur-les-minerais-de-conflit APPLE PERSECUTE EN RDC (PH:DR)
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Depuis décembre dernier, des entrechocs opposent le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les filiales d’Apple de la France et de la Belgique. Les échauffourées atteignent leur paroxysme le 17 décembre 2024, quand le gouvernement congolais a déposé une plainte contre la marque à la pomme en Or.

La RDC accuse Apple, maison mère des iPhones, d’avoir bénéficié indirectement de minerais issus de zones de conflits dans l’Est du pays. En effet, ces ressources naturelles et rares utilisées dans les smartphones et autres appareils électroniques, seraient extraites dans des conditions illégales alimentant la violence locale.

Apple dit catégoriquement niet à ces accusations, affirmant que ses chaînes d’approvisionnement sont vérifiées et qu’elle privilégie des minerais recyclés. Toutefois, Kinshasa reste campé sur sa position, soutenant qu’Apple ferme les yeux sur des pratiques illicites, ce qui permet à des groupes armées de financer leurs activités.

Des accusations graves contre Apple

Les autorités congolaises accusent les filiales européennes d’Apple de recel et de dissimulation de crimes de guerre. Ces accusations reposent sur l’utilisation présumée par ses fournisseurs d’étain, de tantale, de tungstène et d’or, surnommés « minerais 3TG », extraits illégalement dans des zones contrôlées par des groupes armés.

Apple affirme avoir demandé à ses fournisseurs de suspendre l’approvisionnement en minerais provenant de la RDC et du Rwanda.

Ces minerais, essentiels à la fabrication des smartphones, ordinateurs et autres produits électroniques, proviendraient des provinces orientales de la RDC. Ces régions, en proie à des conflits depuis des décennies, voient leurs ressources pillées, souvent au détriment des populations locales. Kinshasa pointe également du doigt la contrebande des minerais vers le Rwanda, où ils seraient réétiquetés avant d’intégrer les chaînes d’approvisionnement internationales.

Un impact direct sur la stabilité régionale

Les bénéfices tirés de l’exploitation illégale des minerais alimentent les groupes armés, prolongeant ainsi les violences dans l’est de la RDC. Ces factions, notamment les rebelles du M23, utilisent les revenus générés pour financer leurs opérations militaires et consolider leur contrôle sur les mines.

L’entreprise met en avant son recours à des minerais recyclés et sa participation à des initiatives promouvant une exploitation minière responsable.

Des organisations de défense des droits de l’homme, telles que Global Witness, dénoncent depuis longtemps ce commerce, qui perpétue l’instabilité régionale. Elles appellent à des mesures plus strictes pour surveiller l’exploitation minière et à une pression internationale sur le Rwanda, accusé d’être impliqué dans ce commerce illicite.

Les réponses d’Apple et les critiques soulevées

Face à ces accusations, Apple affirme avoir demandé à ses fournisseurs de suspendre l’approvisionnement en minerais provenant de la RDC et du Rwanda. L’entreprise met en avant son recours à des minerais recyclés et sa participation à des initiatives promouvant une exploitation minière responsable.

Cependant, ces mesures sont jugées insuffisantes par les avocats de la RDC et plusieurs observateurs. Selon eux, la suspension annoncée par Apple pourrait n’être qu’une opération de communication. Ils appellent à une surveillance accrue et à une réglementation plus rigoureuse pour garantir que les chaînes d’approvisionnement technologiques ne financent pas la violence.

Un enjeu global pour les entreprises technologiques

Au-delà d’Apple, cette affaire soulève une question cruciale pour l’ensemble de l’industrie technologique : comment s’assurer que les minerais utilisés dans les produits high-tech ne proviennent pas de zones de conflit ? La RDC espère créer un précédent juridique qui pourrait inciter d’autres entreprises à renforcer leurs contrôles.

Toutefois, des experts avertissent qu’un retrait des grandes marques internationales de la RDC pourrait nuire aux économies locales et aux communautés minières légales, au lieu d’affaiblir les groupes armés. Ils plaident pour une approche équilibrée, axée sur une réglementation efficace et une coopération internationale renforcée.

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