Intelligence Artificielle : « Il faut une IA développée par les Africains et pour les Africains » expert

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intelligence-artificielle-il-faut-une-ia-developpee-par-les-africains-et-pour-les-africains-expert Panel sur l’Intelligence Artificielle
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La Fabrique Culturelle a accueilli le mercredi 27 novembre 2024, une discussion captivante sur le thème « L’Intelligence artificielle : une bénédiction pour l’Afrique ? », organisée par le Café du Monde. Ce cadre de réflexion partagé a rassemblé experts, décideurs et citoyens autour d’un sujet brûlant d’actualité : l’impact de l’IA sur le développement africain.

Stéphane Coulibaly, responsable de la stratégie nationale d’intelligence artificielle de Côte d’Ivoire, et Isaac Bayo, expert en nouvelles technologies, ont ouvert la discussion en soulignant un constat clair : l’Afrique accuse un retard notable dans l’adoption de l’IA :« Seuls 2 % des données utilisées mondialement proviennent du continent.»

 Une situation qui limite les opportunités dans des secteurs cruciaux comme l’agriculture, la santé, ou encore l’éducation.

À cela s’ajoute une insuffisance d’infrastructures technologiques pour soutenir l’essor de cette technologie.

Les défis structurels à surmonter

L’enthousiasme autour de l’IA est tempéré par des défis spécifiques au continent.

Les panélistes ont estimé que l’IA n’est pas encore une bénédiction : « Sans une IA développée par les Africains et pour les Africains, son impact reste marginal. »

Lors des échanges, un participant a fait savoir que l’éducation est un préalable essentiel : Avec un taux d’analphabétisme atteignant 60 %, l’accès aux outils numériques demeure une barrière pour une grande partie de la population. « Tant que les populations ne maîtriseront pas les bases de l’alphabétisation, il sera difficile de tirer pleinement parti des potentialités de l’IA », a-t-il insisté.

Le participant a fait la proposition d’une mutualisation continentale :Plutôt que de disperser les efforts, une IA à l’échelle africaine pourrait maximiser l’efficacité et réduire les coûts.

 

 

Des pistes prometteuses pour l’avenir

Malgré ces obstacles, les intervenants ont mis en lumière des propositions concrètes pour maximiser l’impact de l’IA en Afrique :

  • Appropriation intelligente : L’IA doit être pensée pour améliorer les conditions de travail, sans toutefois remplacer les travailleurs.
  • Valeurs africaines : Une IA intégrant les spécificités culturelles et les besoins locaux est essentielle pour garantir un développement harmonieux.
  • Réduction des inégalités linguistiques : Grâce à l’IA, l’accès aux connaissances dans les langues locales pourrait être démocratisé, favorisant ainsi l’inclusion.

Bien que des progrès aient été réalisés, notamment en Côte d’Ivoire avec la création d’une direction nationale de l’IA en début d’année, beaucoup restent à faire. La stratégie nationale ivoirienne, dont la présentation est prévue pour le 16 décembre 2024, pourrait servir de modèle pour d’autres nations. Néanmoins, un appel a été lancé pour que l’IA soit inscrite comme priorité politique au même titre que la santé ou l’éducation.

Appel à l’action : bâtir l’avenir de l’IA en Afrique

Les participants ont conclu en insistant sur la nécessité de :

  1. Développer des infrastructures adaptées pour soutenir l’essor de l’IA.
  2. Renforcer l’éducation numérique afin de réduire l’analphabétisme et de combler la fracture technologique.
  3. Promouvoir des collaborations inter-pays pour garantir une efficacité et une pertinence maximales des initiatives.

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