
La 29e édition du FESPACO a rendu un vibrant hommage au réalisateur ivoirien disparu, Roger Gnoan M’Bala, désormais immortalisé sur l’allée des cinéastes à Ouagadougou (avenue allant de la Cathédrale au rond-point du cinéastre en passant par la Mairie centrale de la ville).
Ce dimanche 23 février 2025, en marge de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), une statue à l’effigie du réalisateur ivoirien Roger Gnoan M’Bala a été dévoilée sur l’allée des cinéastes. Un geste symbolique porté par le ministre burkinabè de la Culture, Gilbert Ouédraogo, pour célébrer l’héritage d’un géant du 7e art africain.
Une consécration posthume pour un pionnier
Décédé le 10 juillet 2023 à l’âge de 80 ans, Roger Gnoan M’Bala rejoint désormais les immenses noms du cinéma africain sur cette allée mythique, aux côtés de Ousmane Sembène, Idrissa Ouédraogo ou Gaston Kaboré. « Cette statue est un hommage à un visionnaire qui a porté haut les couleurs du cinéma africain, bien au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire », a déclaré Gilbert Ouédraogo lors de la cérémonie.
L’artiste, né en 1943, s’est illustré par des œuvres engagées, mêlant critique sociale et spiritualité. Son film « Au nom du Christ », récompensé par l’Étalon d’or de Yennenga en 1993 au FESPACO, reste un classique. « Roger a montré que le cinéma africain peut allier divertissement et profondeur. Son héritage est intemporel », a ajouté le ministre.
L’Étalon d’Or et une carrière prolifique
Roger Gnoan M’Bala laisse derrière lui une filmographie riche, comprenant quatre longs métrages et plusieurs courts métrages. Son style unique, souvent teinté d’humour et de satire, a permis d’aborder des sujets tabous comme les dérives religieuses ou les conflits identitaires.
« C’est ici que nous célébrons ceux qui ont fait rayonner nos cultures, nos luttes et nos rêves à travers l’objectif. Roger en faisait partie », a souligné un responsable du FESPACO. La statue de M’Bala, sculptée dans un bronze patiné, le représente caméra à la main, un clin d’œil à sa passion intacte jusqu’à ses derniers jours.
« Au nom du Christ » n’était pas juste un film, c’était un miroir de nos sociétés. Roger avait ce don de raconter des vérités qui dérangent, mais avec une grâce incomparable », a témoigné un cinéaste présent à la cérémonie. Parmi ses autres œuvres marquantes, « Le Prix de la Liberté » (1998) et « Adanggaman » (2000) ont également marqué les esprits, consolidant son statut de référence.
L’Allée des cinéastes : Un Panthéon du 7e art africain
L’allée des cinéastes, située à Ouagadougou, est devenue au fil des années un lieu de mémoire pour les figures ayant façonné le cinéma du continent. Y figurer est une distinction honorifique majeure, réservée aux artistes dont l’impact transcende les générations.
« C’est ici que nous célébrons ceux qui ont fait rayonner nos cultures, nos luttes et nos rêves à travers l’objectif. Roger en faisait partie », a souligné un responsable du FESPACO. La statue de M’Bala, sculptée dans un bronze patiné, le représente caméra à la main, un clin d’œil à sa passion intacte jusqu’à ses derniers jours.
Un hommage qui résonne au-delà des frontières
La présence d’artistes et de délégations ivoiriennes lors de l’inauguration a illustré l’importance transfrontalière de cet hommage. « La Côte d’Ivoire est fière de voir son fils honoré ici, au cœur du FESPACO. Cela rappelle que le cinéma africain est une grande famille », a lancé un membre de la délégation ivoirienne.
Pour beaucoup, cette reconnaissance arrive aussi comme un appel à préserver l’histoire cinématographique africaine. « Les jeunes réalisateurs doivent s’inspirer de ces pionniers. Leur audace a pavé la voie », a insisté une productrice présente sur place.
Cet événement s’inscrit dans la dynamique du FESPACO, qui, depuis 1969, sert de plateforme essentielle à la promotion des films africains. En immortalisant M’Bala, le festival renforce son rôle de gardien du patrimoine culturel. « Le FESPACO n’est pas qu’un festival, c’est une institution qui écrit l’histoire. Aujourd’hui, nous avons gravé dans le bronze une partie de cette histoire », a conclu Gilbert Ouédraogo, sous les applaudissements.

Si Roger Gnoan M’Bala n’est plus, son esprit perdure à travers ses films et désormais cette statue. Reste le défi de faire vivre son héritage auprès des nouvelles générations. « Que son exemple inspire ceux qui osent croire en la puissance du cinéma pour changer les mentalités », a souhaité un jeune réalisateur en marge de la cérémonie.
Le réalisateur ivoirien 🇨🇮 Roger Gnoan M’Bala immortalisé par une statue au Fespaco à Ouagadougou 🙏@edithbrou @Cotedivoireoff @luca_varan pic.twitter.com/36v3wSbyow
— Zoubi🇧🇫 (@LaGoBissa) February 23, 2025