
Plus que quelques heures avant la célébration de la fête de Tabaski 2022. L’Abattoir de Port-Bouet grouille déjà d’un beau monde. Même si les vendeurs de bétail scrutent toujours l’horizon.
Mercredi 6 juillet 2022. Il est 15 heures 30 minutes lorsque notre équipe de reportage foule le sol de l’Abattoir de Port-Bouet. Notre visite est focalisée sur le site du parc à bétail de ladite commune.
Depuis l’hôpital général de Port-Bouet jusqu’à l’entrée de l’Abattoir, une forte activité de vente de moutons et de bœufs s’offre aux visiteurs.
Plusieurs véhicules stationnés sur le terre-plein de la voie destinée aux véhicules obstruent le passage. Certaines personnes qui avaient déjà fait leurs achats luttent pour mettre leur mouton dans leur véhicule.
De petits commerces autour de la vente de moutons
Des jeunes gens qui proposent de l’herbe destinée à l’alimentation des moutons se ruent sur les véhicules pour servir des clients. Deux touffes d’herbe sont vendues à 500 Fcfa. Une activité très rentable puisque ces petits vendeurs s’en sortent avec une recette journalière de 5 000 Fcfa, ou plus.
À côté des vendeurs d’herbes, certains commerçants proposent des couteaux ou machettes destinés à dépecer le mouton ou le bœuf.

Sur place, des moutons sont tués et dépecés, pour en faire du choukouya.
Des commerçants de moutons inquiets
Des commerçants de moutons assis en face de petits enclos réalisés pour la circonstance ont le visage fermé et le regard perdu. Approchés, ils ont exprimé des inquiétudes relativement à la commercialisation de leurs bêtes.

Pafanan Ousmane, vendeur de moutons à l’Abattoir de Port-Bouet, explique qu’avec la levée des sanctions sur le Mali, le marché ivoirien est aujourd’hui suffisamment approvisionné en moutons. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur leurs activités puisque les clients leur demandent de casser les prix.
Les prix des bêtes, selon ce dernier, varient de 70 000 Fcfa à 80 000 Fcfa, voire plus, en tenant compte du poids du mouton.
"Avec la levée des sanctions sur le Mali, le marché ivoirien est aujourd’hui suffisamment approvisionné en moutons"
Pafanan Ousmane déplore le peu d’affluence à l’Abattoir de Port-Bouet, lié au faite, dénonce ce dernier, qu’il y a beaucoup de moutons en ville.
Zohoré Abdoul Karim Arouna, commerçant de bétail, est quant à lui catégorique sur le fait que pour le moment, il n’y a pas de clients. «Il n’y a pas d’affluence. On ne voit rien pour le moment. On ne sait pas ce qui se passe en ville», s’interroge-t-il.
Le sacrifice qui plaît à Allah
Zohoré Abdoul Karim Arouna explique que les prix des bêtes sont chers parce qu’au niveau de l’alimentation du bétail, tout est devenu cher. Le tourteau qui était vendu à 12 500 Fcfa, est livré aujourd’hui à 17 000 Fcfa, voire 18 000 Fcfa. C’est la raison pour laquelle, de l’avis de ce dernier, les moutons sont chers. Les prix varient de 100 000 Fcfa à 300 000 Fcfa.

Compte tenu de l’ouverture de la frontière du Mali, quelques bœufs ont été acheminés sur les marchés ivoiriens.
Zohoré Abdoul Karim Arouna souligne que les Ivoiriens préfèrent acheter le bœuf au mouton, lorsque le mouton est cher. Une autre raison qui fait que le mouton ne s’achète pas, de sorte qu’actuellement, le marché est saturé de moutons.
"Selon le Coran, celui qui tue un mouton de 50 000 Fcfa a plus de mérite que celui qui tue un bœuf d’un million Fcfa"
Ce dernier s’offusque du fait qu’on dénombre aujourd’hui plusieurs autres sites de vente de bétail dans le District d’Abidjan: Attécoubé, Abobo, Koumassi, Treichville, Marcory ... «En ville, c’est gâté. Même dans des quartiers résidentiels, il y a mouton. On ne comprend pas», s’inquiète-t-il, faisant remarquer qu’il y a trop de revendeurs de moutons en ville. Ce qui fait qu’il y a une faible affluence à l’Abattoir de Port-Bouet. «On est à trois jours de la fête et il n’y a pas de clients», se préoccupe-t-il, avant de demander aux autorités de faire en sorte qu’il y ait un seul site de commercialisation du bétail, ou au maximum, deux sites. Un site à Abobo et celui de Port-Bouet. «Il y a beaucoup de moutons qui sont vendus en ville, ça ne nous arrange pas», martèle-t-il.
Zohoré Abdoul Karim Arouna poursuit que c’est le prix du bœuf qui est en train de casser le prix du mouton.
Il s’est dit écœuré, parce que la fête de Tabaski n’est pas la fête de bœuf. «Les Ivoiriens ont tendance à tout confondre. Ceux qui ont par exemple un budget de 300 000 Fcfa, préfèrent aller acheter un bœuf et laisser le mouton, parce qu’ils ont besoin de viande. Alors que la Tabaski n’est pas une question de viande. Les vrais marabouts ne disent pas la vérité aux musulmans. Selon le Coran, celui qui tue un mouton de 50 000 Fcfa a plus de mérite que celui qui tue un bœuf d’un million Fcfa. Les Ivoiriens ont tendance à confondre la fête de Tabaski avec la fête de la viande. Alors que c’est un sacrifice. Les moutons sont faits pour la Tabaski», insiste Zohoré Abdoul Karim Arouna.
Sécurisation des commerçants et leurs enclos
Les commerçants peuvent vendre leurs moutons sans problème. Des agents de sécurité veillent à la sécurisation du site de l’Abattoir de Port-Bouet. Pour l’heure, aucun vol n’est encore annoncé.

Avec les grosses pluies qui tombent sur le District d’Abidjan, le site de l’abattoir est impraticable, d’où la présence des bêtes sur la voie, obligeant ainsi la déviation des véhicules qui se rendent sur Vridi.
"Des agents de sécurité veillent à la sécurisation du site de l’Abattoir de Port-Bouet"
Les transporteurs sont également heureux de la fluidité sur la route. Ils saluent le fait qu’il n’y ait pas de tracasseries routières.