
Les mauvaises habitudes sont de retour au grand carrefour de Koumassi dans le sens Marcory Zone 4. Chassés début juin 2019 par les autorités municipales, les ‘’gnambros’’ (les miliciens du transport Ndlr) ont de nouveau fait surface au grand carrefour de Koumassi sous l’œil bienveillant des éléments des forces de défense et de sécurité qui semblent avoir trouvé de quoi mettre sous la langue au quotidien.
Le grand carrefour de Koumassi perd peu à peu son lustre d’antan. En effet, les « miliciens » du transport sont de retour. En perte de vitesse aux premières heures de la répression, ces derniers semblent avoir trouvé du réconfort auprès de certains policiers et éléments de l’escadron de Koumassi. Alors que le stationnement des véhicules est interdit dans cette zone, les minicars communément appelés « Gbakas’’ semblent ne pas être concernés par cette mesure prise par les autorités municipales début juin 2019. Ils stationnent en vrac obstruant même le passage des piétons lorsque le feu tricolore passe au rouge. Ces derniers disent ‘’ne rien craindre’’ car possédant un ‘’droit de stationnement’’. En fait, les conducteurs de minicars payent une somme d’argent aux mains des ‘’gnambros’’ chaque jour pour avoir accès à cet endroit. Quand ils ne payent pas avec les gnambros, ce sont des éléments de force de défense et de sécurité qui s’en chargent.
« Payer 2.000 francs CFA aux mains des policiers »
Vendredi 28 mai 2021. Dans le sens Koumassi-Port-Bouët, des éléments de force de défense et de sécurité sont aux aguets du côté de Marcory-Zone 4. A bord d’une moto, un sergent de la police nationale parcourt les environs pour rechercher les minicars stationnés. A sa vue, les conducteurs de « Gbakas » semblent ne pas craindre pour leur sort. Le pacte est déjà signé. « 2.000 francs CFA », devra être automatiquement payé par chaque conducteur. Le procédé est tout simple, le policier récupère les pièces afférentes au véhicule et part stationner un peu plus loin pour éviter tout soupçon. Après le chargement du véhicule, le conducteur de « Gbaka » se dirige vers l’agent en service pour régler en quelque sorte son « autorisation de stationnement ». Ce conducteur pourra dès lors, stationner à cet endroit toute la journée sans être inquiété.
« Nous payons 2.000 francs CFA chaque jour pour avoir droit à charger au grand carrefour. Celui qui ne paye pas les 2.000 francs CFA verra ses papiers de véhicules être confisqués.», conte un conducteur de minicar ce vendredi 28 mai 2021. Une situation qui déplaît énormément aux « gnambros » qui voient leur recette en baisse de jour en jour. Fort de ce constat, une proposition a été faite aux éléments des forces de défense et de sécurité. « Nous avons proposé de reverser 25.000 francs CFA par jour aux policiers pour qu’ils nous laissent travailler. Mais ces derniers estiment que c’est petit. Ils veulent 50.000 francs CFA par jour. Comme on ne s’est pas entendu, ils préfèrent eux-mêmes venir sur terrain parce que là, ils gagnent plus. Quand ils viennent ici, ça ne nous arrange pas. Ça diminue notre recette.», explique un « gnambro » qui a requis l’anonymat.
Le procédé est quasiment le même avec les éléments de l’escadron de Koumassi. A la différence qu’ils viennent sur ‘’terrain ‘’de façon sporadique. Ce vendredi 28 mai 2021, alors que nous squattions le grand carrefour de Koumassi aux environs de 18 heures, un véhicule de type 4x4 de l’escadron de Koumassi stationne. A bord, des éléments de gendarmerie superbement bien habillés. L’un des gendarmes fait signe à un « gnambro » qui semble connaître le procédé. Le « gnambro » sort une somme d’argent qu’il remet au gendarme.
Flambée des prix de transport
Cette situation n’est pas sans conséquence. A cet endroit, on assiste à une flambée des prix de transport. C’est une véritable jungle. Le prix de transport Koumassi-Gonzagueville qui est de l’ordre de 300 francs CFA est passé à 500 francs CFA. « Nous augmentons le transport pour pouvoir couvrir nos charges. En plus du droit de stationnement que nous payons aux policiers, nous payons également des droits de chargement aux mains des gnambros », nous explique un conducteur de minicar. Pour les passagers, cette situation est intenable ! Mais que peuvent-ils faire d’autre à part murmurer. « C’est vraiment difficile ! Nos salaires n’augmentent pas, mais le transport augmente chaque jour. Que l’Etat, nous viennent en aide !», soupire Ibrahim Konaté qui dit être très agacé par cette situation. Comme lui, ils sont nombreux ces usagers de la route qui au quotidien subissent les lois des « gnambros ». Ces derniers, on peut le dire, sont couvert par les forces de défense et de sécurité. En attendant l’action des autorités compétentes, les populations sont livrées à leur propre sort.
Maxime KOUADIO
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