
Dans un pays imaginaire, ressemblant étrangement à une Côte d’Ivoire décalée, les partis politiques poussent comme des champignons après la pluie, mais étrangement, ce sont les racines qui flottent dans l’air et les feuilles qui s’enfoncent dans le sol. C’est là que vivent des militants étranges, des êtres aux convictions molles comme une mangue trop mûre, convaincus que le meilleur moyen de défendre leurs idées, c’est précisément d’en changer régulièrement.
I. Des droits sans devoirs : Le paradis du militant léger
Ici, les militants ont bien sûr des droits multiples : droit de parler sans écouter, droit d’exiger sans participer, droit de protester sans voter, et surtout, droit de partir sans prévenir. Mais ils ont un devoir sacré : celui d'oublier instantanément leurs promesses. Car comme chacun sait dans cette étrange démocratie, la mémoire est considérée comme un poids inutile, une maladie dont il faut guérir au plus vite.
Un grand philosophe local nommé Grouillot Premier affirme ainsi : « Une promesse non tenue est toujours plus belle que la vérité, parce qu’elle reste éternellement possible. »
II. Vertus et moralité : Les militants modèles d’une démocratie folle
Dans cette contrée, les vertus politiques majeures sont l’opportunisme, la flatterie et le retournement rapide de veste. La loyauté est jugée suspecte, presque dangereuse. Un proverbe absurde, très populaire, circule même parmi les militants : « Celui qui reste fidèle à ses principes ne connaîtra jamais la douceur d’un siège ministériel. »
Ainsi, être militant exemplaire dans ce pays revient à afficher une intégrité parfaitement élastique, capable de s’étirer dans toutes les directions.
III. Transhumance politique : l’art glorieux de changer de chemise
La transhumance politique, loin d'être une honte, est ici une véritable discipline olympique. Des compétitions sont organisées régulièrement, récompensant ceux qui parviennent à changer de parti plus vite que leur propre ombre. On célèbre chaque changement par une grande fête populaire où le héros du jour reçoit un trophée en forme de girouette dorée.
Cette pratique géniale a permis d’inventer un autre proverbe célèbre : « L’herbe n’est jamais plus verte que chez le voisin, sauf si le voisin est au pouvoir. »
IV. Impact des militants : Comment bien saboter un parti en trois leçons
Chaque geste d’un militant possède un effet magique dans ce pays absurde : plus il est irresponsable, mieux c’est. Par exemple, critiquer son chef en public est vivement recommandé, surtout si cela se fait devant les médias. L'idéal est même d'accuser son propre parti de complots imaginaires, car ici, la cohésion est considérée comme une faiblesse, et la division, comme une source infinie d'énergie politique.
Un vieux sage du pays, réputé pour ses contradictions légendaires, disait souvent : « Mieux vaut saborder le navire soi-même que risquer qu’un autre le fasse avant nous. »
V. Appels absurdes à l'action : Militants, soyez irresponsables !
Dans les périodes de crise, les militants sont encouragés à semer généreusement le chaos et la confusion, persuadés que cela finira par éclaircir la situation. Ils sont invités à refuser tout dialogue, à pratiquer l’insulte gratuite sur les réseaux sociaux, et surtout, à ne jamais, jamais rechercher l’intérêt général.
Un célèbre penseur absurde rappelait toujours : « Si tu ne sais plus pourquoi tu te bats, continue quand même, cela donnera l’impression que tu es courageux.»
Conclusion absurde : Vers une démocratie renversée avec conviction
En conclusion, dans ce pays absurde semblable à une Côte d’Ivoire à l’envers, la vie politique prospère grâce à l’irresponsabilité assumée des militants. La sagesse est considérée comme une anomalie gênante, et la stabilité comme une mauvaise plaisanterie.
Ainsi, chers militants lunaires, continuez à agir sans réflexion, à changer de camp au gré du vent, et à ignorer soigneusement toute vertu politique traditionnelle. Après tout, c’est sans doute ainsi que se construit la plus absurde, la plus chaotique, et peut-être la plus mémorable des démocraties inversées.
Car comme l’affirme un proverbe parfaitement absurde pour conclure : « Si nous ne savons pas où nous allons, au moins, soyons fiers d’y aller rapidement ! »
Par Norbert KOBENAN