
L’Afrique a vraisemblablement un incroyable talent en matière de gouvernance. Même pipe même tabac au fil des ans à plus d’un demi-siècle de décennie. Les hommes changent, les régimes se succèdent, le même système demeure. Quel calibrage ! L’Afrique reste cloitrée dans son système de gouvernance « à l’africaine » : les hommes se succèdent à la tête des Etats, des régimes font leur temps.
L’Afrique se met toujours à l’infinitif. Les mêmes casseroles demeurent quel que soit la tête du client : militaire putschiste, président légal, président anticonstitutionnel. La démocratie n’a pas encore réussi à faire une « métamorphose optimisée ». La mise à jour du système de gouvernance montre au sommet de l’Afrique que l’africain est égal à lui-même quel que soit sa casquette.
Le changement paradigme une fois aux affaires
Une fois au pouvoir, c’est la chasse aux sorcières contre les opposants, la société civile et les syndicats. On caresse l’armée dans le sens de ses poils tout en lui retirant, en catimini, son rôle républicain. On fait le populisme avec les masses. Enfin de compte, on est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir et in fine, il tombe plus bas que ses prédécesseurs.
Le bonnet de Président de République n’appartient ni à une famille ni à un courant politique : il reste muable et amovible. Pendant que certains pays se démocratisent, d’autres s’autocratisent. Il n’y a malheureusement pas de rideau de fer pour séparer les régimes et les territoires. Au cours du changement, les nouvelles autorités boycottent tous les codes et protocoles et vice les sérails pour faire sembler de carburer ou bien décoller.
Quelques semaines plus tard, à force de siroter le champagne, de rouler carrosserie et de vivre d’aisance royale, le nouveau régime oublie la cause du peuple et trace la voie à leur propre agenda caché pour s’éterniser au pouvoir et étouffer toute tentative de critique ou d’opposition, quel qu’en soit le bien-fondé.
Une gouvernance à l’africaine qui ne se réinvente pas
Les années passent, les visages changent, mais les pratiques politiques restent désespérément les mêmes. Des militaires putschistes aux présidents élus ou contestés, la logique du pouvoir ne connaît que peu de variations : accaparement des institutions, musellement de l’opposition et refus de toute critique. Derrière cette attitude, c’est l’échec de l’enracinement de la démocratie qui est pointé du doigt. Dans bien des pays, les institutions restent faibles et vulnérables face à la volonté d’un seul homme.
Qu’ils soient civils ou militaires, les dirigeants africains se livrent souvent à une chasse aux sorcières contre les opposants, la société civile et les syndicats. Ceux qui critiquent sont réduits au silence, parfois violemment. L’armée, quant à elle, est caressée dans le sens du poil, utilisée comme outil de maintien au pouvoir tout en étant progressivement dépossédée de son rôle républicain.
L’arme préférée du pouvoir reste le populisme. On s’adresse aux masses, on flatte les frustrations populaires, on promet monts et merveilles. Mais ces discours masquent souvent un agenda bien plus personnel : s’accrocher au pouvoir, coûte que coûte. Et pour cela, tout est permis : verrouillage des médias, répression des manifestations, modification des constitutions. L’Afrique semble ainsi osciller entre deux dynamiques opposées. Un continent à deux vitesses, où les frontières géographiques ne suffisent plus à distinguer les modèles politiques.
Il n’y a pas, comme en Europe à l’époque de la Guerre froide, de « rideau de fer » pour séparer les systèmes. Nombreux sont ceux qui, une fois installés, se comportent comme si le pouvoir leur était personnellement destiné. La fonction présidentielle devient alors un trône à défendre, non un mandat à exercer au service du peuple. L’Afrique a sans doute besoin d’une autre révolution, non plus militaire ou populiste, mais institutionnelle, morale et citoyenne.
#BURKINA • #CEDEAO :: Après les colonels Assimi Goïta au Mali et Mamadi Doumbouya en Guinée, le Burkina Faso devient le troisieme pays d'Afrique de l'Ouest à subir un coup d'Etat militaire en moins de 6 mois. pic.twitter.com/lDJh3FQ9If
— Malibook (@Malibooknews) January 24, 2022