Le Mot-clé des discours officiels : « Leadership éclairé », qui éclaire qui ?

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le-mot-cle-des-discours-officiels-leadership-eclaire-qui-eclaire-qui LE PRESIDENT ALASSANE OUATTARA (PH:DR)
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Un refrain et bien plus ! « Tu ne le dis pas dans ton allocution, le boss se fâche depuis son bureau et tu es viré au prochain remaniement ». Nul n’échappe à dire ces honneurs à « Jules César ». On peut aisément comprendre que la « photocopie en couleur du Vieux » souhaite régner sur le pays de l’hospitalité comme Jules César sur la Rome Antique avec un pouvoir sans partage et chanté dans tout kilomètre carré de la République.

Eclaire-t-il vraiment les autres, ou sert-il surtout à briller sur le chef ? La Côte d’Ivoire, leader en Afrique de l’ouest francophone aurait besoin d’une lampe torche pour se faire voir malgré sa taille de géant pachyderme. Au finish entre l’homme et le pays, qui a un leadership ? Qui éclaire qui ? On se rappelle que Blaise Compaoré, il y a plus d’une décennie de cela, disait à Barack Obama que l’Afrique a besoin d’hommes forts pour bâtir des institutions et l’Américain-Kenya de se convaincre du contraire !

Un mot à la mode dans les discours officiels

« Leadership éclairé ». Voilà le nouveau refrain à la mode dans les discours politiques en Côte d’Ivoire. Un terme devenu presque obligatoire dans les allocutions. Hélas, ce contraire est la réalité « tout craché » de l’Afrique qui ne changera ni son goûter, ni ses envies. L’Afrique reste elle-même dans sa gouvernance « copier-coller » avec une démocratie qui rythme aux envies des chefs d’Etat. Les mêmes choses toujours servies.

On fait l’opposant et on décrit le régime en place. Une fois élu, on devient pire que notre successeur et des notes comme relecture de la constitution, justice dressée contre les opposants, s’éterniser au pouvoir, piller les biens du pays. L’incroyable talent est « un héritage » pour l’Afrique.

Chacun s’aligne, chacun répète, chacun chante les louanges du grand chef, à l’image d’un « Jules César » moderne, maître de son empire républicain. En Côte d’Ivoire, leader économique incontesté de l’Afrique francophone de l’Ouest, on pourrait croire à une gouvernance exemplaire. Pourtant, derrière le vernis des grands mots, se cache une réalité plus nuancée : des enseignants qui crie galère, un conflit foncier qui arpente les administrations, le monde agricole en difficulté, etc.

Quand le chef devient plus grand que le pays

La formule « leadership éclairé » soulève une question de galère : éclaire-t-il vraiment les autres, ou sert-il surtout à briller sur le chef ? Le constat est amer : dans cette région, le pouvoir semble souvent concentré autour d’un homme plutôt qu’autour d’un projet collectif. La Côte d’Ivoire, géant pachyderme de la sous-région, aurait besoin d’une lampe torche pour se faire voir quand le rayonnement du pays sur le plan économique et son déficit de visibilité politique réelle et indépendante sont affichés d’Adjamé à Boundiali, de Ferké à Man.

Oui, le pays sera façonné par ce qui arrivera à Assinie, Yamoussoukro, Agboville, Touba, Mankono, Daloa…La scène politique africaine semble prise dans un cercle vicieux. On joue à l’opposant, on dénonce le régime en place, et une fois élu, on reproduit « voire plus grave » les pratiques de son prédécesseur. On réforme la Constitution pour rester plus longtemps au pouvoir, on instrumentalise la justice contre les opposants, et on se sert dans les caisses publiques. L’incroyable talent, c’est devenu un héritage. Le continent reste figé dans une gouvernance « copier-coller » qui ne s’émancipe jamais totalement des figures fortes au sommet.