
La visite de l’émissaire onusien à Abidjan suscite des réactions opposées dans la presse ivoirienne, entre espoirs déçus de l’opposition et satisfecit du camp présidentiel, à six mois de la présidentielle.
La mission du représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Leonardo Santos Simão, en Côte d'Ivoire, dans un climat électoral de plus en plus tendu, continue de faire couler beaucoup d'encre.
En mission à Abidjan du 16 au 18 avril, Leonardo Santos Simão, envoyé spécial de l'ONU, a rencontré le président Ouattara et le président de la CEI, avant de s'entretenir avec l'opposition, notamment Laurent Gbagbo et la coalition CAP-CI.
Une douche froide ?
Cette visite est intervenue dans un climat politique tendu, marqué par le retrait de l'opposition de la CEI, l'absence de révision électorale en 2025, des poursuites judiciaires ciblées, des exclusions électorales et des doutes persistants autour de la nationalité de Tidjane Thiam.
L'opposition espérait donc un soutien clair du représentant des nations unies à ses revendications, notamment sur la réforme de la Commission électorale indépendante et la réintégration de plusieurs dirigeants exclus du fichier électoral.
Mais du côté des titres proches du pouvoir, l'heure est à la satisfaction. Le quotidien L'Essor ivoirien évoque une « douche froide pour l'opposition », estimant que la visite onusienne n'a rien changé aux rapports de force politiques.
Même son de cloche dans Le Jour Plus, qui titre sur « Gbagbo, Thiam et leurs supporters désillusionnés ». Pour ce journal, les chiffres de l'opposition n'auraient obtenu aucun engagement favorable de la part de l'émissaire onusien. Un analyste y va même d'un commentaire tranchant : « La Côte d'Ivoire n'est pas en crise ».
"Gbagbo reste très très fort"
La presse proche de l'opposition refuse quant à elle de voir les choses sous cet angle. Le Quotidien d'Abidjan parle d'un revirement en préparation, avec ce titre sans équivoque : « Le nom de Gbagbo bientôt sur la liste électorale ». Selon ce journal, les discussions en coulisses laissent espérer un retour de l'ex-président dans le jeu politique. Il estime même que « le régime s'est fait tirer une balle au pied », tout en soulignant que « Gbagbo reste très-très fort ».
Dans la même veine, La Voie originale, considérée comme proche du PPA-CI, note que « Gbagbo fait le son, toute la Côte d'Ivoire danse », et relaye un message optimiste de la mission onusienne en faveur d'une présidentielle « inclusive, démocratique et transparente ». Le journal insiste sur le souhait des Nations Unies de voir un examen apaisé.
Le Bélier, organe traditionnellement proche du PDCI, adopte un ton encore plus incisif. Il écrit que « l'ONU va mettre fin à la crise orchestrée par le pouvoir ». Selon le quotidien, cette visite diplomatique révèle aussi un RHDP fragilisé, évoquant un « rapport du congrès » et des « rivalités internes » qui minent le parti présidentiel.
Thiam, ça passe ou ça casse
Par ailleurs, l'absence prolongée de Thiam, dans un contexte aussi stratégique, laisse place à toutes les interprétations. Le Jour Plus s'interroge : « Que fait Tidjane Thiam en Europe, à 6 mois de la présidentielle ? », tout en soulignant que « les plaintes contre lui submergent le Tribunal d'Abidjan Plateau ».
L'ombre du procès en radiation de la liste électorale plane en effet sur le président du PDCI. L'Avenir, proche du pouvoir, titre sans détour : « Ça passe ou ça casse », en mettant en lumière les enjeux majeurs de l'audience attendus ce 22 avril 2025.
Malgré cela, certains journaux proches du PDCI tentent de rassurer. L'Héritage rappelle que Tidjane Thiam a été « plébiscité à la convention du PDCI-RDA », et cite l'intéressé lui-même : « Je me sens honoré », a-t-il déclaré en félicitant les militants de son parti.