
Le programme d'enseignement à distance ,« Mon école à la maison », initié par le ministère de l'éducation est entré dans sa phase active depuis quelques jours. Mais, pour Nomel Ako, porte-parole de la Coalition du secteur éducation/formation de Côte d'Ivoire (Cosefci), ce projet ne répond à aucun besoin de formation. Il l'a confié à Linfodrome, ce vendredi 10 avril 2020, au cours d'une conversation téléphonique.
« Ce projet ne répond pas véritablement à un besoin de formation. Pour former, il faut voir les méthodes pédagogiques à mettre en œuvre. Quelle est la méthode qui est mise en œuvre dans ces enseignements à distance ? », a-t-il interrogé.
Pour Nomel Ako, c'est un projet, juste pour occuper ceux qui veulent s'occuper par l'apprentissage. « Puisqu'il n'y a aucune contrainte. Rien ne contraint un enfant à s'asseoir devant la télévision ou à côté de sa radio ou encore de se connecter pour suivre ces enseignements-là. Il n'y a aucune mesure contraignante qui pendant cette période se trouve quelque part chez un tuteur ou au village à suivre ces enseignements. A partir de cela, il y a problème. Le ministère veut montrer que pendant cette période, il occupe sainement les élèves. De mon point de vue, ce n'est pas objectif parce qu'on ne pourra pas s'appuyer sur ces enseignements à distance pour évaluer correctement ces enfants, quant aux évaluations finales, les examens de fin d'année. On ne pourra pas s'appuyer sur ça. Nous serons obligés à la reprise de continuer les leçons là où on s'était arrêté. A partir de ce moment, en quoi ça aurait servi ces cours à distance ? C'est pour faire du folklore, ce sont des actions d'éclat pour justifier certaines dépenses », a-t-il martelé.
Par ailleurs, le porte-parole de la Cosefci a fait observer que ces cours existent déjà sur internet, mais, les enfants n'y vont pas. « On ne peut pas me dire qu'il y a pas un seul chapitre qui n'existe pas sur le net. Les liens, il y en a, on en distribue à nos élèves. C'est des liens en trop que le ministère crée. Au delà ce ça, quel est le système de suivi ? Parce que quand on donne un cours, il faut un suivi, il faut évaluer », a-t-il insisté.
Enfin, Nomel Ako a décliné toute responsabilité dans ce projet : « Il faut dire que le ministère ne nous a pas associé en tant qu'acteurs. Peut-être qu'il a associé d'autres acteurs comme, les responsables aiment bien le dire. Mais, nous Cosefci, nous n'avons pas été associés, ni la Cosefci, ni les organisations membres de la Cosefci. Déjà, à ce niveau, nous dégageons notre responsabilité ».
Rappelons que pour Kandia Camara, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation professionnelle (Menetfp), ce projet « École fermée, mais cahiers ouverts » vise à assurer la continuité de l’école fermée à cause de la pandémie à coronavirus. « Nous tenons à rappeler aux parents d’élèves et aux élèves que certes les écoles sont fermées, mais nos enfants ne sont pas en vacances. Aussi, afin d’accompagner les enfants qui doivent rester à la maison, et prolonger les cours à la maison, le ministère a entrepris de mettre en ligne chaque jour, des cours, dispensés par des enseignants du ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre de la continuité pédagogique, du lundi au vendredi, pour leur permettre de réviser des notions fondamentales en mathématiques, en français, en langues ( l’anglais, l’allemand, l’espagnol), l’histoire-géographie et les sciences (physique-chimie ou encore SVT..) et de poursuivre les programmes », avait-elle indiqué, au lancement de ce projet.
Jonas BAIKEH