
Alain Lobognon, proche de Guillaume Soro, ancien président de l'Assemblée nationale, a dévoilé ce mercredi 28 août 2019 sur sa page facebook, certaines réalités de l’école ivoirienne et les problèmes auxquels sont confrontés les élèves et étudiants de la Côte d'Ivoire. Cette sortie de l’ancien ministre fait suite à une note d’information de l’université Félix Houphouët-Boigny, selon laquelle les personnes non inscrites au cours de l’année académique 2017-2018 doivent reprendre leur année bien qu’elles soient admises en année supérieure. Il n’a pas manqué de se poser des questions sur la préinscription en ligne des élèves.
« Pendant que se meurt l’Université publique, où va l’argent des préinscriptions en ligne?
Les préinscriptions en ligne au titre de l'année académique 2019-2020 pour les nouveaux bacheliers ont débuté le 26 août et prendront fin le 25 septembre 2019 délai de rigueur. Telle est la substance du texte qui invite les détenteurs du baccalauréat de 2019 à accélérer la cadence pour pouvoir bénéficier d’une place dans le Supérieur en Côte d’Ivoire.
S’il est clair, au fil des années, que très peu d’étudiants auront une place dans une Université publique, il convient de s’interroger sur la destination précise que prend cet argent depuis des années.
Unique certitude. Cette manne financière n’atterrit pas dans les caisses du Trésor ivoirien.
Mais alors que l’Université publique en Côte d’Ivoire traverse une vraie crise de performance marquée par des années académiques de retard, où va donc l’argent des préinscriptions des bacheliers?
Tenez-vous bien! À l’Université de Cocody, certains étudiants sont sur la voie du renvoi pour avoir manqué de s’inscrire en 2019, pour l’année universitaire 2017-2018.
À ce jour, ils seraient 8000 à qui, il est demandé de ne plus se considérer comme étudiants renvoyés. Bien évidemment, ces 8000 étudiants s’estiment victimes des grèves intempestives qui minent chaque année les Universités publiques ivoiriennes, et qui ne leur ont pas permis de s’inscrire. Parce que justement, lorsqu’il y a grève des enseignants, c’est tout le système qui est impacté. Conclusion, la scolarité est fermée. Aucune inscription n’est possible.
Où va donc l’argent des préinscriptions des nouveaux bacheliers lorsqu’on sait qu’au finish, majoritairement, ces futurs étudiants seront « vendus » à plusieurs dizaines d’universités boutiques qui poussent désormais en Côte d’Ivoire avec l’objectif de faire du chiffre. Faire du chiffre avec le plus grand nombre de nouveaux étudiants subventionnés par le Trésor public. Obtenir du chiffre d’affaires avec en somme la privatisation de l’Ecole en Côte d’Ivoire.
Combien de nouveaux bacheliers seront accueillis par l’Université publique ivoirienne alors que tous sont appelés à une préinscription en ligne? Le classement 2018 des Universités privées en Côte d’Ivoire annonce que l’argent circulera abonnement cette année, en dépit des préinscriptions en ligne, pour obtenir une importante part du marché des nouveaux bacheliers 2019. Triste. Mais c’est bien cette Côte d’Ivoire dans laquelle nous sommes tous actuellement.
Dans un État de bonne gouvernance, cet argent aurait pu être collecté par le Trésor public pour justifier la construction de nouvelles universités afin d’éviter de mettre à la rue des étudiants issus de familles défavorisées. »
Alain Lobognon
Député de la Nation
NB : Le titre et le chapeau sont de la Rédaction